20ème de Championship à l’issue de la saison 2021/22, Birmingham City n’a plus figuré dans le top 10 depuis 6 ans. Une anomalie pour le club qui célèbre cette année son 147ème anniversaire et dont la colère des supporters ne cesse de grandir.
Comment un club historique tel que le Birmingham City Football Club ne parvient-il pas à s’extirper des bas fonds du classement de Championship ? Entre un organigramme flou, une valse des entraîneurs incessante et des problèmes financiers récurrents, récit d’un cauchemar qui dure depuis – bien – trop longtemps.
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Carson Yeung, fêtes et défaites (2009-2014)
Second de Championship à l’issue de la saison 2008/09, le Birmingham City FC d’Alex McLeish retrouve la Premier League, un an seulement après l’avoir quitté. En parallèle, Carson Yeung, multi-millionaire chinois déjà détenteur de parts dans le club, en complète le rachat pour une somme totale avoisinant les 95 millions d’euros. Une nouvelle ère semble s’ouvrir pour le club des Midlands. Ce tournant historique s’illustre d’ailleurs rapidement avec l’obtention d’une surprenante neuvième place notamment permise grâce à l’apport de recrues telles que Scott Dan (Coventry City), Roger Johnson (Cardiff City), Barry Ferguson (Glasgow Rangers) ou encore Craig Gardner (Aston Villa).
Montagnes russes d’émotions
La saison 2010/11 débute par une série de quatre matchs durant lesquels les Blues restent invaincus. Les hommes de McLeish glanent même, lors de cet exercice, des points contre Manchester City, Manchester United, Liverpool et Chelsea. C’est cependant dans le parcours en League Cup que réside la réelle attraction de la saison. Après avoir disposé de Rochdale, MK Dons, Brentford, Aston Villa et West Ham pour rallier la finale, Birmingham City conclut son épopée par une victoire deux buts à un face aux Gunners d’Arsenal. Malgré ce titre, la réalité rattrape l’équipe qui termine la saison à la 18ème place – à un point de Wolverhampton – et est de nouveau reléguée en Championship. Comme pour conclure une année de tous les possibles, McLeish démissionne par un simple e-mail, avant que l’on apprenne 5 jours plus tard, sa nomination au poste de coach d’Aston Villa, le grand rival.
Chris Hughton aux commandes
Après avoir permis à Newcastle de retrouver la Premier League, Chris Hughton est nommé à la tête de Birmingham City avec la même mission. À la différence près qu’en plus du championnat, le club doit composer avec la Ligue Europa, compétition pour laquelle le club s’est qualifié en remportant la League Cup. Malheureusement pour eux, ils terminent à la troisième place de leur groupe, à un point de la seconde place qualificative pour les huitièmes de finale de la compétition. La saison se passe bien et, après une série de 9 matchs sans défaite en fin de saison, Birmingham termine 4ème et dispute les play-offs de montée. En demi-finale, les Blues sont, sur la double confrontation, battus sur le score de 3-2 par Blackpool. Après sa bonne saison, les dirigeants du club permettent à Chris Hughton de négocier avec Norwich City qui souhaite en faire son entraîneur.
Problèmes financiers, ventes et justice
La saison suivante est beaucoup plus compliquée pour le club. En proie à des difficultés financières, ce dernier est placé sous embargo par l’English Football League, et des joueurs sont vendus pour équilibrer les comptes (Ben Foster à West Bromwich Albion, Jordon Mutch à Cardiff, ainsi que plusieurs autres qui ont été libérés). En juillet, l’embargo est levé et Birmingham parvient à se renforcer avec des joueurs tels qu’Hayden Mullins (Portsmouth FC), Darren Ambrose (Crystal Palace), Peter Løvekrands (Newcastle United) et Ravel Morisson (en prêt de West Ham). Dans le même temps, Lee Clarke est nommé à la tête de l’équipe pour cette saison 2012/13.
Au début de l’année 2013, le club stagne à la 20ème position et vend son nouveau gardien numéro un Jack Butland à Stoke contre environ 3,5M£. Le deal prévoit cependant que ce dernier reste à Birmingham jusqu’à la fin de la saison. Une option payante puisque celle-ci est bien meilleure que son début, les Blues ne perdant que 4 de leurs 18 derniers matchs. Une performance qui leur permet de terminer à la 12ème place du classement.
Carson Yeung dans la tourmente
La saison suivante est encore plus difficile, sur et en dehors du terrain. Carson Yeung fait face à 5 chefs d’accusation pour une affaire de blanchiment d’argent à hauteur d’environ 55M£. Bien qu’il plaide non-coupable, il est condamné à six ans d’emprisonnement, et abandonne l’intégralité de ses responsabilités au sein du club en février 2014. D’abord extra sportive, les conséquences de cette affaire s’en ressentent sur le terrain. Les actifs de Carson Yeung gelés, la stabilité financière ne tient qu’à un fil et de nouveaux cadres sont vendus (Marlon King, Hayden Mullins, Nathan Redmond, Darren Ambrose et Steve Caldwell). À l’aube de la dernière journée de championnat, Birmingham City pointe à la 22ème place et doit impérativement l’emporter face à Bolton, tout en espérant un faux pas de Doncaster, pour se maintenir.
Miraculés
Alors que Leicester mène face à Doncaster, les Blues se retrouvent menés deux buts à zéro alors qu’il ne reste que très peu de temps à jouer. La réduction du score de Nicola Zigić, puis l’égalisation de Paul Caddis à la 93ème furent suivies d’un improbable troisième but dans les dernières secondes du temps additionnel, scellant le maintien des hommes de Lee Clarke. Euphorie.
Peter Pannu, avocat de profession, devient le CEO du club et, en conséquence des problèmes financiers, adopte une nouvelle stratégie. En se tournant vers des joueurs libres, la cellule de recrutement espère reconstruire une équipe en perdition. Ainsi Clayton Donaldson, buteur à 16 reprises avec Brentford la saison précédente, rejoint le club. Un beau coup réalisé avec peu de moyens. Malheureusement, les Blues prennent un mauvais départ et occupent la zone de relégation à la fin du mois d’octobre. Une cinglante défaite huit buts à zéro face à Bournemouth à domicile condamne finalement le sort de Lee Clarke à la tête de l’équipe.
L’ère Trillion Trophy Asia (2014-2022)
Limogé, Lee Clarke est remplacé par Gary Rowett. Michael Morrison (Charlton Athletic) est recruté et les résultats parlent pour le technicien anglais qui, sur ses 15 premiers matchs, ne connait que deux défaites. Cette bonne série permet au club de terminer à la dixième place et de continuer son aventure en Championship.
La saison suivante est bonne, Birmingham occupe constamment le haut du tableau mais termine tout de même une nouvelle fois à la 10ème place. L’exercice 2016/17 débute, et le club, qui a retrouvé une certaine stabilité, souhaite se donner les moyens de rallier le top 6, synonyme de participation aux play-offs. Pour se faire, des joueurs tels que Che Adams (Sheffield United), Ryan Shotton (Derby County) et Greg Stewart (Dundee FC) sont recrutés. Des arrivées impactantes puisque l’équipe ne perd qu’un seul de ses 11 premiers matchs de championnat. Dans le meme temps, la société Trillion Trophy Asia complète le rachat du club et trois de ses membres sont nommés à la tête de ce dernier. Malgré une septième place prometteuse, Gary Rowett est licencié, à la surprise générale.
Zola, mais pas Émile
Légende italienne des années 90, Gianfranco Zola est missionné pour succéder à Rowett. L’ancien joueur de Parme ou encore de Chelsea avouera d’ailleurs avoir déjà été approché par le club plusieurs mois avant sa nomination. Dans le même temps, la presse locale révèle le mécontentement des joueurs à l’annonce de l’éviction de leur précédent entraîneur, qui plus est alors que le jeu qu’il prônait donnait des résultats.
Par la nomination de Zola, le board désire produire un football plus plaisant et basé sur l’offensive. Malgré cela, le coach italien ne remporte aucun de ses huit premiers matchs à la tête de l’équipe. Pour tenter de relever la tête, Lukas Jutkiewicz (Burnley) et Kerim Frei (Besiktas) sont recrutés en janvier, mais cela ne permet pas à la spirale négative de s’inverser. N’ayant remporté que 2 des 24 matchs qu’il a coaché, Gianfranco Zola remet sa démission alors que Birmingham pointe à la 20ème place du classement.
La parenthèse Redknapp
Pour tenter d’échapper à la relégation, le club fait appel à Harry Redknapp. Malgré une défaite face à Aston Villa à l’occasion du derby de Birmingham, les Blues remportent leurs deux derniers matchs et parviennent à se maintenir en deuxième division. C’est à ce moment que Xuandong Ren est nommé président du club. Pour récompenser son travail, Harry Redknapp se voit offrir un contrat d’une saison au poste de manager. Lors du mercato estival, le club dépense plus de 15M d’euros pour s’offrir des joueurs tels qu’Harlee Dean (Brentford), Maxime Colin (Brentford), Craig Gardner (West Bromwich Albion) ou Cheikh Ndoye (Angers). En septembre, battu à six reprises lors des huit premieres journées de la saison 2017/18, Harry Redknapp est démis de ces fonctions.
Steve Cotterill, le Septième
Après de bons débuts (2 victoires en 4 matchs), Steve Cotterill est lui aussi victime de mauvais résultats. La pression s’intensifie autour du manager quand, après 7 défaites consécutives, il doit même être escorté aux vestiaires par des policiers. En mars, il devient le septième coach des Blues à quitter le club en l’espace de 9 saisons.
Pas très fair-play financier
Son successeur, Garry Monk, permet au club de se maintenir en terminant à la 19ème du championnat. La saison suivante débute une nouvelle fois difficilement, un embargo sur les transferts (depuis la saison 2016/17, les clubs sont autorisés à déclarer des pertes à hauteur de 39 millions de livres sur une période de trois ans, mais BCFC en a perdu 48 entre 2015 et 2018, violant la règle de régulation) émis par l’EFL ne permettant pas au club d’enregistrer l’arrivée du latéral droit Christian Pedersen.
Heureusement, l’extra-sportif ne semble pas influer sur les résultats du terrain, Birmingham City n’ayant été défaits qu’a deux reprises sur leurs 15 premiers matchs de championnats. Cependant, un nouveau problème survient lorsqu’à l’occasion de la réception d’Aston Villa, un supporter s’introduit sur la pelouse et frappe Jack Grealish. Le club se voit ainsi sanctionné d’une amende de 42.000 livres. Ajouté à cela, 9 points lui sont retirés par l’EFL en raison de leur violation du fair-play financier évoqué précédemment. Le club termine la saison à la 17è place et la relation entre Dong Ren et Gary Monk se tend en coulisses. Le coach est remercié.
Un rayon lumineux dans les ténèbres
C’est alors Pep Clotet, son adjoint, qui le remplace. Ce dernier doit composer avec la vente de Che Adams, qui permet cependant le recrutement d’Ivan Sunjic (Dinamo Zagreb), Dan Crowley (Willem II) et Jeremy Bela (Albacete). Cette saison 2019/20 est celle de l’éclosion de Jude Bellingham, devenu à 16 ans et 38 jours le plus jeune joueur de l’histoire de Birmingham City. En janvier, le club se permet même de refuser une offre avoisinant les 20M de livres de Manchester United pour la pépite anglaise. En juillet 2020, l’entraîneur espagnol est viré et le duo Steve Spooner – Craig Gardner est chargé de l’intérim. Une nouvelle saison difficile conclue par une 20ème place.
Cycle éternel
À peine nommé, Aitor Karanka doit faire avec la perte de Jude Bellingham parti à Dortmund pour environ 25 millions de livres. Symbole de la réussite de l’académie, le club décide de retirer le numéro 22 du maillot des joueurs pour rendre hommage à sa pépite. Birmingham continuant de lutter pour sa survie, la tension monte chez les supporters qui demandent la démission des dirigeants. Des résultats défavorables conduisent également l’entraineur ibérique à être limogé.
Espoir de la renaissance
En mars 2021, Lee Bowyer quitte son poste de manager à Charlton pour prendre les rênes de Birmingham. La légende des Blues permet finalement au club de se maintenir et d’assurer une onzième saison consécutive en D1. En fin de saison, la pression populaire autour du club conduit Xuandong Reng à annoncer sa démission. Malgré cela, la saison 2020/21 suit le prolongement des précédentes, et Birmingham City termine à la 20ème place du championnat.
Alors que la colère gronde de plus en plus autour des propriétaires du club, l’équipe continue à payer le prix de nombreuses années de dysfonctionnements (salaires trop élevés, gestion calamiteuse, abandon des infrastructures…) et termine l’exercice 2021/22 avec une nouvelle 20ème place. Mais tout pourrait bientôt changer pour les supporters de Birmingham, alors que le rachat du club est dans les tuyaux depuis de nombreuses semaines. À suivre.