Un seul bras levé en l’air en se ruant vers les supporters : si une célébration de but peut incarner un footballeur, c’est bien celle d’Alan Shearer. Simple, discrète et efficace, tout en traduisant une détermination totale. Sans prétention et humble, mais pas moins brillant qu’un autre, retour sur l’histoire d’un du plus grand buteur de Premier League : Alan Shearer.
Buteur sans artifice mais diablement efficace
C’est peut-être à cause de son comportement de « monsieur tout le monde » et de son humilité que les réalisations de Shearer n’ont jamais reçu tout le crédit qu’elles méritent. Le plus grand buteur de l’ère de la Premier League ne matchait pas vraiment avec le souhait de la première division anglaise de football de se présenter comme le summum du spectacle et comme la destination favorite des stars du football mondial.
En ce qui concerne Shearer, il n’y avait aucun artifice, pas de col relevé comme Eric Cantona le King de United, pas de coupes de cheveux élégantes comme l’ange Gabriel Batistuta, n’y de chaussures aux couleurs vives comme El Fenomeno Ronaldo le plus grand n°9 de tous les temps. Alan Shearer ne ressentait pas le besoin de se vendre ou de créer une marque personnelle.
En rejoignant Newcastle United en 1996 le joueur déclare : “Si l’argent vient à moi, c’est bien, je ferai avec quand il viendra. Cela ne me changera certainement pas. Après tout, je ne suis qu’un fils de tôlier de Newcastle”.
La seule véritable monnaie d’échange de Shearer était les buts, et sur ce point, il était l’homme le plus riche d’Angleterre. Jusqu’à aujourdhui, son record de 260 but en Premier League n’a pas été rejoint, même si l’Egyptien Mohamed Salah est probablement la menace la plus dangeureuse (lire l’article : 100 buts en Premier League pour Mo Salah).
Un talent de buteur dès le plus jeune âge
Lorsqu’il était jeune à Southampton, Shearer avait déjà inscrit 23 buts en championnat avant que la Premier League n’existe en 1992. Adolescent, Shearer a représenté le célèbre Wallsend Boys’ Club, qui a formé certains des meilleurs joueurs du nord-est de l’Angleterre, dont Peter Beardsley, Steve Bruce et Michael Carrick. Alors qu’il jouait pour Wallsend, le jeune Shearer a été repéré par Southampton et il se rendait donc sur la côte sud pour s’entraîner avec les Saints pendant les vacances scolaires.
Comme il devenait de plus en plus évident que ce jeune joueur talentueux était destiné à une carrière de footballeur au plus haut niveau, Shearer a fait des essais avec Newcastle United, Manchester City et West Bromwich Albion, mais c’est Southampton qui a agi le plus rapidement et lui a fait signer un contrat de jeune en 1986.
Premiers pas explosifs en First Division
Shearer fait ses débuts sous le maillot de Southampton, en mars 1988, contre Chelsea, dans un match de First Division. Dès sa deuxième apparition – sa première titularisation et sa première sortie au Dell – il bat déjà des records. Le match a lieu contre Arsenal et l’attaquant réalise un triplé pour aider son équipe à s’imposer 4-2. Ce faisant, le prodigieux attaquant devient le plus jeune homme à réaliser un triplé en First Division, à l’âge de 17 ans et 240 jours, battant ainsi le record établi par Jimmy Greaves en 1958.
Au cours des années suivantes, Shearer est amené à jouer régulièrement en équipe première, mais en 1991, il devient le point central de l’attaque des Saints et sera élu joueur de l’année par le club. Cet été-là, il s’illustre aussi avec la sélection anglaise des moins de 21 ans au Tournoi de Toulon en France, marquant sept buts en quatre matchs.
Toujours plus de buts pour Shearer
La saison suivante, Shearer fait ses débuts en équipe nationale en marquant lors d’une victoire 2-0 sur la France en 1992. Manchester United et Liverpool ont tous deux tenté de recruter le buteur de Southampton, mais ce sont finalement les Blackburn Rovers qui ont obtenu sa signature en déboursant la somme record de 3,6 millions de livres sterling.
La première saison de Shearer à Ewood Park a été gâchée par des blessures, dont une déchirure des ligaments de la cheville qui a limité son temps de jeu. Avec 31 buts en 40 matches, les Rovers terminent tout de même deuxièmes de la Premier League et Shearer est nommé footballeur de l’année par la FWA pour la saison 1993/94.
La saison 1994/95 est particulière pour Shearer, car c’est la saison au cours de laquelle il remporte le seul trophée majeur de sa carrière. Associé à Chris Sutton, l’ancien attaquant de Norwich City, le numéro 9 des Rovers a inscrit 34 buts en 42 matches de Premier League pour permettre à Blackburn de remporter le titre, devant le champion en titre Manchester United. Les efforts de Shearer ont été reconnus par ses pairs qui l’ont nommé Joueur de l’année de la PFA.
Bien que Blackburn ne parvienne pas à conserver son titre en 1996, Shearer franchit la barre des 30 buts en championnat pour la troisième saison consécutive. Il est à l’apogée de sa carrière.
Euro 1996 sur le sol Anglais
Les Championnats d’Europe 1996 devaient se dérouler sur le sol anglais et l’attente dans toute l’Angleterre avait atteint un niveau jamais connu depuis la glorieuse Coupe du monde 30 ans plus tôt. Terry Venables est à la tête d’une équipe d’Angleterre dont beaucoup pensent qu’elle peut remporter le trophée Henri Delaunay. Malgré sa forme impeccable en club, la place de Shearer dans l’équipe nationale est remise en question par beaucoup de gens.
Finalement, Shearer a terminé meilleur buteur du tournoi avec six buts – dont un double contre les Pays-Bas – et l’Angleterre est passée à deux doigts de la finale en perdant aux tirs au but face à l’Allemagne. Grosse déception pour le peuple Anglais, mais satisfaction énorme pour Shearer qui a marqué les esprits et confirmé qu’il était un grand buteur.
Départ chez les Magpies de Newcastle
Manchester United tente à nouveau de recruter Shearer cet été-là, mais avec une offre record de 15 millions de livres sterling, Newcastle ramène Shearer à St. James’ Park, club avec lequel il avait un lien affectif particulier. En tant que supporter des Magpies depuis toujours, le jeune Shearer avait l’habitude de se tenir dans les gradins de Gallowgate End pour admirer ses héros lorsque son père lui racontait les exploits de grands buteurs du club comme Jackie Milburn.
Dix-huit mois plus tôt, les supporters de Newcastle s’étaient rassemblés sur les marches de St. James’ Park pour protester contre la vente de l’attaquant vedette Andy Cole à Manchester United ; aujourd’hui, ils se pressent au même endroit pour accueillir leur nouveau héros Alan Shearer.
Un héros incontesté dans le Nord-Est de l’Angleterre
Shearer ne déçoit pas : dès sa première saison, il termine une fois de plus meilleur buteur de la Premier League avec 25 buts, et est à nouveau nommé Joueur de l’année de la PFA, même si les hommes de Kevin Keegan échouent de peu dans la course au titre.
En dix ans avec Newcastle, Shearer n’a pas pu aider le club à remporter un titre, mais il a apporté aux fans des Magpies plus de joie qu’ils n’auraient jamais pu l’espérer. Avec 206 buts en 405 apparitions à Tyneside, Shearer a pulvérisé le record de buts de Milburn, le héros de son père. Il était devenu le héros local, le gamin de la classe ouvrière qui réalisait le rêve de tous les Geordies en portant le maillot aux célèbres rayures noires et blanches et en marquant des buts plus spectaculaires les uns que les autres.
Des têtes, des reprises de volées, des penalties et des coups francs enroulés : Shearer pouvait tout faire – il était l’attaquant polyvalent par excellence. Du milieu des années 1990 au début des années 2000, il n’y avait pas de meilleur buteur, ni de buteur plus complet qu’Alan Shearer – une légende du Nord-Est de l’Angleterre et une icône de la Premier League. Il reste d’ailleurs à ce jour le meilleur buteur de l’histoire de la Premier League.