Une annonce gouvernementale devrait dans les prochains jours entériner plusieurs changements majeurs pour les institutions du football anglais.
Après l’échec retentissant du projet de Super League européenne en 2021, le gouvernement anglais avait pris la décision de procéder à l’examen de son football. Chargée de la rédaction d’un rapport paru en novembre 2021, Tracey Crouch, députée conservatrice et ancienne ministre des Sports, a pu compter sur le soutien de nombre de supporters disséminés aux quatre coins du Royaume pour mener à bien sa mission. Après son étude par le gouvernement, ce dernier devrait être définitivement approuvé devant le Parlement par l’actuel ministre des Sports Nigel Huddleston dans les prochains jours.
Un rapport édifiant
“Les clubs de football devraient être classés au patrimoine comme un héritage” peut-on lire au début du rapport long de 11 chapitres rédigé par Tracey Crouch. Ce rapport met en avant la nécessité et l’envie de sécuriser le futur du football anglais. Pour cela, de nombreux points sont abordés, passant de la question de l’inclusion à celle de la redistribution des richesses, de la régulation à la prise en compte des fans dans les décisions importantes.
Cette prise en compte passerait d’ailleurs par la création de “conseils fantômes” composés de supporters dont la voix compterait dans les prises de décisions capitales. À cela viendrait s’ajouter une “part d’or” qui leur offrirait un droit de véto concernant des points primordiaux tels que la vente d’un stade par exemple. Le rapport fait également la promotion d’une plus grande égalité et diversité dans les conseils d’administrations, trop souvent accusés de n’être composés que d’hommes.
Un “régulateur indépendant” au centre du projet
Mais la mesure phare de ce rapport réside dans la création d’un “régulateur indépendant”. Une idée apparue à la suite de trois observations. La première étant que le football anglais se trouverait au bord du gouffre financier ; la seconde, que les clubs sont trop souvent dirigés de manière imprudente par des propriétaires en perpétuelle impunité personnelle ; la dernière, que la réglementation actuelle du football n’en garantisse pas un avenir durable.
C’est donc dans le but de sauver l’un des sports les plus populaires d’Angleterre que le régulateur intervient. L’IREF – Independant Regulator of English Football – aura donc pour mission de maintenir et de superviser la stabilité financière des clubs. Pour se faire, il disposera de pouvoirs de collecte d’informations, d’enquête et d’exécution des règles établies. Il sera également habilité à évaluer l’aptitude des propriétaires à diriger les clubs par la mise en place d’un “test d’intégrité”, sorte de “casier judiciaire”, pour convenir ou non de cette dernière. Afin de s’assurer de l’impact de l’IREF, ce dernier devrait logiquement publier un rapport annuel faisant le bilan de ses performances opérationnelles et financières.
À travers ce régulateur, ce sont la pérennité des clubs et l’assurance de la stabilité de tout le football anglais qui représentent les enjeux majeurs des années à venir.
L’aval du gouvernement, pas celui des instances
Si le gouvernement anglais semble être en accord avec le rapport édité par Crouch, la Football Association et la Premier League ne semblent par l’accueillir de la même manière. Les deux institutions dirigeantes du football d’outre-Manche souhaiteraient en effet conserver leur gouvernance en interne, à défaut de la confier à un tiers. Cependant la FA devrait, selon les déclarations de Tracey Crouch, assumer le statut d’observateur si l’instance était elle-même prête à subir une réforme substantielle.