À 38 ans, Fred a décidé de raccrocher les crampons. Retour sur la carrière d’un attaquant devenu légende du football.
Dans la nuit de samedi à dimanche, sur la pelouse du mythique Maracaña, Frederico Chaves Guedes « Fred » disputait le 744ème et dernier match de sa carrière. Face à Ceará, l’attaquant brésilien tirait sa révérence, près de 20 ans après ses débuts professionnels.
Enfant du pays
De ses débuts professionnels pour Cruzeiro à sa carrière carioca avec Fluminense, en passant par ses deux saisons du côté de l’Atlético Mineiro, Fred est un homme du Brésil, au sang coloré de jaune et de vert.
Formé à l’America Mineiro (comme ses compatriotes Tostão ou Gilberto Silva), l’avant-centre se démarque immédiatement, inscrivant le but le plus rapide de l’histoire du football brésilien – en 3 secondes 17 – le 12 janvier 2003. « Un moment de communion avec Dieu et avec mes collègues » déclare-t-il après avoir lobé le gardien adverse de plus de 50 mètres. Promu en équipe première, il dispute 43 matchs – pour 40 buts – sous les couleurs du club de Belo Horizonte. En août 2004, il rejoint Cruzeiro, marque pour ses débuts avec le club lors d’une victoire face à l’Internacional et y fait la découverte de la Copa Sudamericana. Descendant des attaquants légendaires qu’a vu naître l’« éternel pays d’avenir » – selon les dires de Georges Clemenceau -, c’est en tout cas bel et bien un futur radieux qui s’annonce pour le jeune Fred.
Fred à la découverte de l’Europe
En 2005, le phénomène brésilien quitte son pays natal pour rejoindre la France. Triple champion en titre, l’Olympique Lyonnais débourse la somme de 15M€ pour s’attacher les services du joueur de 21 ans, qui justifie son choix de rejoindre les Gones pour l’accueil qui y est réservé aux joueurs auriverde. Un investissement immédiatement justifié, le nouveau buteur rhodanien offrant la victoire à son club face à Monaco, grâce à un doublé, pour son premier match. En 4 saisons dans le Rhône, le natif de Teófilo Otoni dispute 124 rencontres, inscrivant 42 buts et délivrant 9 passes décisives. Avec les Rouge et Bleu, il remporte également trois titres de Ligue 1 et une Coupe de France.
En parallèle, ses performances lui ouvrent les portes de l’équipe nationale avec laquelle il réalise ses débuts en novembre 2005. Face aux Émirats Arabes Unis pour sa première sélection, il inscrit deux buts et réalise des débuts fracassants. Malgré divers contacts avec de grands clubs européens, l’absence d’intérêts concrets pousse l’attaquant à résilier son contrat avec l’OL – en février 2009 – pour retourner au Brésil, auprès de sa fille, Geovanna.
L’idole de Fluminense
Désormais joueur de Fluminense, Fred brille sous les couleurs du club de Rio. Au cours de sa première année avec les Tricolores, l’avant-centre dispute 54 matchs et inscrit 41 buts, attirant sur lui le regard de nombreuses écuries européennes. Prolongeant finalement son contrat jusqu’en 2015 après un Mondial 2014 raté, l’international brésilien dispute 7 saisons avec le club carioca, lui offrant notamment un titre de champion (en 2012), 26 ans après le dernier.
En 2016, Fred, en larmes, quitte Fluminense pour rejoindre l’Atlético Mineiro, où il termine notamment la saison 2015/16 en tant que meilleur buteur de Serie A. En 2018, il fait son retour à Cruzeiro, le club qui lui a permis de franchir un palier près de 15 ans auparavant. Mais en 2020, désormais âgé de 36 ans, Fred ressent un goût d’inachevé.
Raison pour laquelle le vétéran prend alors la décision de rempiler avec le club carioca de Fluminense. Mais, alors que la pandémie de COVID-19 frappe le monde entier, l’ancien lyonnais prend la décision d’organiser le « Tour de Fred », un périple long de 600km qu’il parcourt à vélo, ralliant l’État du Minas Gerais à celui de Rio, au cours duquel l’attaquant participe à une mission humanitaire ayant pour but de venir en aide aux plus démunis, leur distribuant vivres et produits de première nécessité. Une bien belle manière de célébrer son retour sous les couleurs des Blanc, Grenat et Vert, lui que l’on affuble du surnom « Ídolo », devenu meilleur buteur de l’histoire de Fluminense en compétition officielle (199 buts).
Foi dada a largada no Tour do Fred! Uma ideia que nasceu pra ajudar e fazer a diferença pra quem precisa. Para DOAR e entrar nessa corrente do bem é só acessar esse link:https://t.co/JiwGFVbZh3 pic.twitter.com/b3PbZlR0rw
— Fred Guedes (@fredgol9) June 1, 2020
Ce dimanche, après la victoire du « Flu » face à Ceara, Fred, ému, a déclaré : « Je crois que c’est le club le plus humain que j’ai connu dans ma vie, pas seulement à cause des buts, des victoires et des titres, mais surtout celui où j’ai ressenti le plus grand soutien quand je me sentais mal, dans mes moments de faiblesse. » Une référence à l’indéfectible soutien qu’il a reçu de ses supporters a posteriori du Mondial 2014, à une époque où le Brésil entier semblait lui tourner le dos.
La Seleçao, entre ange et démon
Octobre 2005. Alors que Carlos Alberto Parreira dévoile la liste des joueurs convoqués pour la trêve de novembre, un petit nouveau y célèbre sa première apparition : Fred. Remplaçant Ronaldo, blessé, le Lyonnais est appelé, avec l’espoir d’intégrer le quatuor offensif brésilien au Mondial 2006. Remarqué dès ces débuts (voir ci-dessus), l’attaquant parvient à se faire sa place dans la liste des 23 joueurs sélectionnés pour disputer la Coupe du monde en Allemagne.
Mais l’histoire de Fred avec le Brésil n’a jamais été un long fleuve tranquille. D’abord barré par les géants Ronaldo, Adriano ou encore Robinho lors de la première compétition internationale qu’il dispute, il connaît de nouveau l’anonymat lors de la Copa America 2011, alors qu’il occupe un second rôle derrière le trio composé de Neymar, Alexandre Pato et – toujours – Robinho.
Son heure de gloire arrive finalement en 2013, à l’occasion de la finale de la Coupe des Confédérations, double buteur lors de la large victoire brésilienne face à l’Espagne (3-0). Un an plus tard, alors que le Brésil accueille la Coupe du Monde, le numéro 9 devient le symbole d’un drame qui, encore aujourd’hui, demeure dans la mémoire collective de tout un pays. Surnommé « L’invisible Fred » (un but dans la compétition), moqué par la presse brésilienne qui le décrit comme « le plus mauvais avant-centre du Brésil en Coupe du Monde », l’attaquant du « Flu » décide de prendre sa retraite internationale, lui qui avoue avoir « besoin de temps pour se reconstruire et tout oublier. »
Ce dimanche 10 juillet 2022, sur la bicyclette qu’il avait utilisé pour son retour à Fluminense, Fred s’est offert un dernier tour de piste dans un Maracaña partagé entre fierté, pleurs et reconnaissance.