L’un des joueurs les plus talentueux de sa génération, Carlos Alberto Torres incarnait tout ce qui faisait la grandeur du football brésilien. Son style offensif, tout en restant un défenseur redoutable, a fait de lui l’un des joueurs les plus vénérés de l’histoire du football, non seulement au Brésil, mais dans le monde entier. Beaucoup considèrent que son but face à l’Italie en 1970 est le plus grand but de tous les temps en Coupe du monde. Retour sur l’histoire de Carlos Alberto Torres : le mythique Capitão du Brésil.
Le modernisateur du poste de défenseur latéral
Né à Rio le 17 juillet 1944, Carlos Alberto Torres a rejoint le club de Fluminense à l’âge de 19 ans et s’est rapidement fait un nom. Non seulement en raison de sa très bonne lecture du jeu, mais aussi de sa maitrise du ballon, de ses dribbles et de ses capacités à se projeter vers l’avant, des facettes que peu de défenseurs de l’époque pouvaient offrir.
En 1965, il a rejoint Santos, le club où évoluait Pelé, et a probablement connu la période la plus faste de sa carrière, jouant 445 matchs et marquant 40 buts, tout en remportant une Supercoupe d’Amérique du Sud, deux championnats du Brésil et cinq titres d’État en huit ans.
Reconnu comme l’un des pionniers de “défenseur latéral moderne”, Carlos Alberto a été surnommé “O Capitão” pour son leadership au sein de l’équipe nationale brésilienne. Il a été sélectionné 53 fois et a marqué 8 buts entre 1964 et 1977.
Un leader naturel et charismatique
Bien qu’il ait été retenu dans le groupe de 44 joueurs pour la Coupe du monde 1966, il n’a pas été sélectionné dans la liste finale des 22 pour participer à la compétition en Angleterre. Le Brésil a d’ailleurs été éliminé en phase de groupes en apprenant à leurs dépens que le style ne suffisait pas face à des adversaires durs au mal qui étaient prêts à muscler le jeu si nécessaire.
Alberto a su combiner son talent naturel avec l’art de bien défendre. Beaucoup pensent qu’il a ouvert la voie pour une nouvelle génération de défenseurs à la fois costaud dans les duels, physique mais aussi porter vers l’avant.
Lorsque le sélectionneur Joao Saldanha a été chargé de redonner de la fierté et de la passion à l’équipe nationale brésilienne quatre ans après la déception de 1966, il a reconnu les qualités de leader de Carlos Alberto et l’a nommé capitaine de son équipe pour la Coupe du monde 1970 au Mexique.
Le capitaine d’une génération brésilienne dorée
Ses qualités de footballeur et de leader sont indiscutables. Il doit cependant s’imposer en tant que capitaine au côté de joueurs talentueux avec de fortes personnalités tels que Pelé, Gerson et Rivelino. Beaucoup de ces joueurs étaient capitaines dans leur club, mais en Seleção ils s’en remettaient à Carlos Alberto, qui avait de l’assurance et de la présence et n’hésitait pas à s’en prendre à eux.
Mexique 1970 : l’atteinte du graal
Mexique 1970 sera le tournoi qui offrira à Carlos Alberto Torres sa plus grande victoire. Il sera également immortalisé, grâce aux nombreuses images célèbres de lui brandissant le trophée Jules Rimet après que le Brésil remporte la Coupe du monde grâce à une victoire impressionnante sur l’Italie en finale au stade Azteca.
Son but en finale cette année-là est considéré par beaucoup comme le plus beau et le plus important jamais marqué en Coupe du monde. Après une action collective ayant commencé à cinq mètres de la surface de réparation brésilienne, Pelé fait la dernière passe à Alberto qui déboule du côté droit pour envoyer le ballon dans le petit du filet.
“Nous n’avons réalisé la beauté de ce but qu’après le match”, a-t-il déclaré à la BBC lorsqu’on l’a interrogé sur ce geste. “L’émotion, bien sûr, lorsque j’ai marqué ce but était incroyable, mais après le match, et encore aujourd’hui, je réalise à quel point ce but était beau et important, car tout le monde en parle encore.”
À la fin de ce match, Carlos Alberto, âgé de 25 ans, est devenu le dernier capitaine à mettre la main sur le célèbre trophée Jules Rimet – après l’avoir remporté trois fois, le Brésil avait gagné le droit de le conserver et il a été remplacé par la Coupe du monde qui est toujours utilisée aujourd’hui.
Passage en défense central avec la Seleção
L’année 1970 sera la seule année où Carlos Alberto jouera à son meilleur niveau, car une blessure persistante au genou mettra fin à ses chances de participer au tournoi quatre ans plus tard en Allemagne. Lorsqu’il retrouve sa forme physique, sa vitesse n’est plus la même, mais sa capacité à lire le jeu l’est toujours, et un passage en défense centrale lui permet d’être rappelé en équipe nationale.
Ayant encore beaucoup à offrir, il retourne à Fluminense en 1974 et aide l’équipe à remporter deux championnats cariocas consécutifs, avant de rejoindre Flamengo, le grand rival de Fluminense, en 1977, pour une brève période sans grand succès.
Ses performances lui valent une nouvelle sélection avec la Seleção, cette fois dirigé par Claudio Coutinho, qui lui demande d’être le capitaine de l’équipe nationale lors des qualifications pour la Coupe du monde 1978. Bien que Carlos Alberto n’ait pas joué en compétition internationale depuis près de sept ans, il a fait bonne figure, mais après trois matchs et à l’âge de 33 ans, il a décidé que c’en était assez et s’est finalement retiré du football international.
Le rêve américain en North American Soccer League
Alberto a toujours faim et est finalement attiré par l’Amérique comme l’un des nombreux grands joueurs qui ne peuvent résister aux paillettes, au glamour et à l’argent offerts par la North American Soccer League. En rejoignant le New York Cosmos, il retrouve son ancien coéquipier et bon ami Pelé. Le duo remporte deux titres consécutifs de la NASL en 1977 et 1978.
Carlos Alberto est l’un des rares grands noms à avoir embrassé la NASL à une époque où le football américain était considéré comme un cimetière d’anciens grands joueurs. Après un rapide passage par le club du California Surf, il est retourné au Cosmos en 1982 où il a remporté son troisième titre de champion de la NASL avant de baisser définitivement le rideau sur sa carrière. En 135 matchs aux États-Unis, Carlos Alberto Torres a marqué un total de 8 buts et a été cinq fois All-Star de la NASL.
L’entraîneur Alberto n’égalera jamais le joueur
Pas décidé à se reposer sur ses lauriers, Alberto retourne au Brésil et s’essaie au métier d’entraîneur avec le club de Flamengo où il sera vainqueur de la première division brésilienne en 1983 et ensuite avec le club de Fluminense où il sera champion de l’État de Rio de Janeiro en 1984. En réalité ce seront les seuls moments forts de sa carrière d’entraineur. Il sera incapable d’imiter les grands succès et les réalisations qu’il a connus en tant que joueur.
C’est lorsqu’il portait le célèbre maillot jaune du Brésil que Carlos Alberto a fait sa plus grande impression sur le football, en particulier grâce aux images diffusées aux quatre coins du monde depuis Mexico City le 21 juin 1970 et qui montrent CELUI qui a marqué le but de la victoire en finale de la Coupe du monde contre l’Italie, un but pour lequel on se souviendra toujours de lui.