La Coupe du monde 70 au Mexique a marqué les esprits par sa qualité, sa dramaturgie et le souvenir impérissable qu’elle a laissé aux supporters. Voici les raisons qui nous font dire que l’édition de la Coupe du monde de football 1970 était bel et bien la plus belle de l’histoire.
16 équipes pour un mondial mémorable
Commençons par le plus important, les équipes présentes lors de cette Coupe du monde 70 au Mexique. A l’époque, seulement 16 équipes sont retenues pour le mondial, ce qui augmente fortement le niveau.
Dès les phases de poules on retrouve donc des groupes ultra relevés avec le Mexique, la Belgique de Raymond Goethals et l’URSS qui sort d’une demi-finale en 66. Il y a aussi l’Italie et l’Uruguay, deux nations historiques et toujours très costauds, accompagnée de la Suède. Le Brésil qui se confronte à l’Angleterre championne du monde en titre et devra se méfier de la surprenante Roumanie et de la Tchécoslovaquie. Enfin les Allemands devront se défaire des Péruviens, de la Bulgarie et des Marocains qui disputent pour la première fois la plus grande compétition mondiale.
Les grands absents de la Coupe du monde 70
Sur le papier, le plateau est plus que Royal, même si lors de ce mondial 70, on notera évidemment l’absence de certaines grandes nations du football comme l’Argentine battue par le Pérou en qualification, mais aussi le Portugal d’Eusébio, les Pays-Bas, la Yougoslavie (récente finaliste de l’Euro 68) et l’Espagne qui a bien du mal à relancer la machine après sa victoire à l’Euro 64.
L’équipe de France quant à elle n’est pas qualifiée pour la Coupe du monde 1970 et a même touché le fond lors des qualifications après une défaite 5-0 contre l’Angleterre avant l’arrivée de Michel Platini à la fin des années 70.
Les légendes du football au rendez-vous
Qui dit grandes équipes dit forcément légendes du football. Le roi Pelé en tête d’affiche pour sa troisième Coupe du monde, mais aussi, Beckenbauer, Bobby Moore, Carlos Alberto, Bobby Charlton, Sandro Mazzola, ainsi que le génie Teofilo Cubillas ou encore Giovani Rivera, Ove Kindvall, Jairzinho et Muller.
Parmi les légendes de la coupe du monde 70, on peut également citer le Belge Raoul Lambert, le brésilien Tostao et Luigi Riva, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection italienne.
Lors de ce mondial, on assistera également à la dernière grande compétition du gardien soviétique Yachine (seul gardien ayant reçu le ballon d’or).
La première Coupe du monde en couleur à la télévision
Cette Coupe du monde de football est la neuvième du nom, mais c’est surtout la première dans pas mal de domaines. En effet, c’est la première fois de l’histoire que la Coupe du monde de football est retransmise en couleur à la télévision dans une grande partie du monde.
Fini les images en noir et blanc, place à la chaleur des maillots, des visages et des tribunes. Les ventes de téléviseurs explosent d’ailleurs complètement dans l’Hexagone. Avec le décalage horaire entre l’Europe et le Mexique, les matchs sont retransmis à 1h du matin.
En effet, ils sont programmés en pleine journée, en plein été, en plein cagnard. Un calvaire pour certains joueurs, une aubaine pour d’autres.
Le mondial des grandes premières
Cette Coupe du monde 1970 au Mexique marque aussi l’apparition du premier album Panini à travers le globe. Un classique qui perdure encore aujourd’hui.
C’est aussi l’apparition du premier ballon de foot Adidas noir et blanc, plus facile à discerner lors des retransmissions à la télévision que le classique ballon en cuir marron.
Côté fashion, on voit pour la première fois, Pelé jouer avec les fameuses chaussures Puma King, utilisé aussi par Eusébio lors du Mondial en Angleterre.
Côté règlement quelques petites nouveautés qui ont complètement changé le déroulement des coupes du monde de football. Pour la première fois, les changements sont autorisés en plein match. Pour la première fois, la différence de but est prise en compte pour départager deux équipes ayant le même nombre de points. Pour la première fois, les cartons jaunes et rouges sont utilisés par les arbitres. Pour la première fois, le Mexique accueille la compétition et en a profité pour construire le gigantesque stade Azteca de Mexico, théâtre de ce Mondial 70.
La naissance des cartons pour sanctionner les joueurs
Les deux dernières éditions de la Coupe du monde ont été marquées par une agressivité grandissante de la part de plusieurs équipes. Dans ce registre, le match entre l’Italie et le Chili a fait coulé beaucoup d’encre (la bataille de Santiago). De plus, la blessure de Pelé en 1966 pose également la question de la sécurité des joueurs et par la même occasion du spectacle proposé.
Pour régler tout cela, la FIFA instaure l’utilisation des cartons jaunes et rouges pour sanctionner les joueurs et les sortir définitivement du match. Cette règle va tout changer, les équipes jouent beaucoup plus vers l’avant, les entraîneurs mettent en place des stratégies beaucoup plus offensives avec parfois 4 véritables attaquants.
Le nombre de buts par match augmente par rapport aux deux dernières éditions, avec une moyenne de 2,97 buts par match. C’est tout simplement, le record de but absolu en Coupe du monde depuis 1962. Avec 10 buts en 6 matchs durant ce mondial, Muller sera la grande révélation côté allemand. Il sera d’ailleurs élu Ballon d’Or quelques semaines plus tard.
Des frappes, des actions en solitaire, des têtes ou des coups francs, chaque nation apporte sa pierre à l’édifice pour proposer le plus beau des spectacles dans un pays qui respire le football.
Des paillettes pleins les yeux au Mexique
Lors du mondial 70, les stades sont pleins avec plus de 50 000 supporters en moyenne. Un record qui va tenir jusqu’en 1994 et l’édition organisée aux États-Unis.
Il faut vraiment imaginer que dans les conditions de l’époque, ce mondial 1970 est une révolution. Voir tous ces buts en couleur à la TV, regarder plusieurs matchs en même temps, avoir accès pour la première fois à tous ces matchs des grandes nations du football avec des scores fous (5-2, 4 1, 4-0, 3-2). On voit des matchs ultra plaisants, tournés vers l’offensif, on voit l’essence même de ce qu’est une Coupe du monde de football : du spectacle, des sourires et de l’effervescence sur tous les visages.
Une Coupe du monde remplie de magie
S’il y a bien un moment mythique qui illustre la Coupe du monde au Mexique, c’est l’arrêt de Banks face à Pelé lors du match de poule entre le Brésil et l’Angleterre.
L’arrêt mythique du gardien Gordon Banks
Pelé s’envole pour placer une tête puissante avec un petit rebond qui va tout droit vers les filets, sauf que Gordon Banks, le gardien anglais est sur la trajectoire. Grâce à une manchette phénoménale il réussit à dévier la trajectoire du ballon hors du but.
Le match du siècle Italie – Allemagne en demi finale
Quelques jours plus tard, la coupe du monde 70 fait maintenant place au match du siècle entre l’Italie et l’Allemagne. L’Italie vient d’éliminer le Mexique, alors qu’elle sortait d’une phase de poulpe pas très convaincante. De l’autre côté, les Allemands reviennent de l’enfer après un match acharné contre les Anglais champions du monde en titre.
Italie – Allemagne, un classique qui n’est pas encore intronisé à l’époque. C’est un match qui aura été finalement plutôt moyen durant le temps réglementaire. L’Italie marque le premier but avant que les Allemands égalisent à la 90ème minute. S’ensuivent des prolongations totalement dingues avec 5 buts marqués en 17 minutes, dont le dernier du match inscrit par le Ballon d’OrGianni Rivera.
La dramaturgie de la rencontre est d’autant plus folle que Franz Beckenbauer se blesse à l’épaule à 10 minutes de la fin, mais décide de rester sur le terrain car les Allemands ont déjà fait leurs deux changements. Le bras dans le sac, la fierté et le courage de représenter son pays malgré la souffrance, ce sera une énième image qui a marqué ce mondial 70 et la carrière du Kaiser.
À 14h et à 2200 mètres d’altitude les deux équipes se battent jusqu’au bout du match. L’Italie l’emporte finalement 4 à 3 et se qualifie pour la finale, sa première depuis 1938.
Dans le même temps, le Brésil se fait secouer contre l’Uruguay, mais s’en sort sur le après un match qui a failli donner lieu à l’un des plus beaux buts de l’histoire du numéro 10 Pelé.
Finale de rêve : Italie – Brésil, 21 juin 1970
La finale est connue ce sera Italie Brésil. Une affiche inédite qui va se dérouler le 21 juin 1970. Le Brésil va commencer cette finale de la meilleure des manières. Pelé décolle et marque une tête parfaitement placée. Boninsegna égalise avant la mi-temps pour l’Italie.
Après le match à rallonge contre les Allemands, la Squadra Azzura est éprouvée physiquement et mentalement. L’Italie va craquer dans la dernière demi-heure et encaisser trois buts par Gérson, Jairzinho et Carlos Alberto après une magnifique action collective du Brésil. Le Brésil est donc couronné d’une nouvelle étoile de champion du monde.
Mondial 70, le summum de ce que peut offrir le football
Cette coupe du monde fut la première de beaucoup de choses, mais ce sera aussi la dernière Coupe du monde du roi Pelé qui dit au revoir au mondial au sommet de son art.
Ce sera aussi la fin de cette génération brésilienne magique, avant la nouvelle de Zico, Socrates et Falcao. Le Mondial 1970 reste un souvenir magnifique pour tous ceux qui ont la chance d’assister à cette compétition.
Tous ces beaux moments sont sans aucun doute les raisons pour lesquelles on peut considérer que cette Coupe du monde 1970 au Mexique est la plus belle de l’histoire du football.