Peu importe les éléments que nous prenions en compte pour juger le caractère spectaculaire d’un but, lorsque l’on considère le but de Dennis Bergkamp contre l’Argentine en quart de finale de la Coupe du monde 1998, une seule conclusion s’impose : c’est l’un des plus beaux buts de l’histoire du football. Retour sur l’itinéraire d’une légende d’Highbury et du football mondial : Dennis Bergkamp.
Un but mémorable en coupe du monde 98
Bien que Bergkamp insiste sur le fait que tous les joueurs de football doivent être en permanence dans la recherche de la perfection concernant le jeu collectif, lorsqu’il a été interrogé sur son but contre l’Argentine dans une interview, la légende d’Arsenal a admis que son but était magique et qu’il a représenté un moment unique dans sa vie de footballeur.
Alors que la passe de Frank de Boer est suspendue en l’air, la défense argentine commence à se précipiter vers le ballon, mais Bergkamp a déjà une longueur d’avance. Les deux pieds en l’air, le Néerlandais réalise un contrôle porte manteau puis enchaîne avec un crochet sur le défenseur argentin Roberto Ayala (l’un des meilleurs défenseurs centraux de la planète à l’époque) pour finir avec une frappe de l’extérieur du pied droit qui envoie le ballon en lucarne, hors de portée du gardien Carlos Roa.
Le temps s’est arrêté : Denis Bergkamp s’effondre sur le sol pour célébrer son but, tandis que le monde entier reste bouche bée devant le spectacle magique qu’il vient de vivre.
Ce but met en exergue au yeux du monde les qualités techniques exceptionnelles du joueur néerlandais. Son toucher de balle, sa vision et sa technique. Bergkamp s’est fait connaître au sein du centre de formation de l’Ajax à la fin des années 1980, et s’est rapidement forgé une réputation d’un des meilleurs jeunes talents des Pays-Bas, après avoir été titularisé par Johan Cruyff à l’âge de 17 ans, en 1986.
Retour sur l’itinéraire d’un crack du football néerlandais
Bergkamp fait partie de la génération dorée du football orange, au début des années 90. Grâce à ses buts, il termine meilleur buteur de l’Eredivisie de 1991 à 1993 et aide l’Ajax à remporter son premier titre de champion en cinq ans, ainsi que la Coupe de l’UEFA 1992. Cette période de succès permet au jeune attaquant de faire ses débuts internationaux en 1990, et d’être nommé footballeur néerlandais de l’année en 1992 et 1993.
À ce moment-là, les plus grands clubs européens font la queue pour recruter le néerlandais. Johan Cruyff déconseille à Bergkamp de signer au Real Madrid, et il rejoint donc l’Internazionale (Inter de Milan) en 1993.
Premiers pas en Serie A avec l’Inter de Milan
L’arrivée de Bergkamp en Serie A était pleins d’espoirs qui ne se sont pas confirmés. Les Nerazzurri sont très inconstants à cette époque, ils remportent tout de même la Coupe de l’UEFA lors de la saison 1993/94 tout en évitant de justesse la relégation. Au cours de ses deux saisons à San Siro, Bergkamp n’a marqué que 11 buts en 52 apparitions en Serie A.
Le transfert à Arsenal est le déclic pour relancer la carrière de Bergkamp et le statut des Gunners en tant que prétendants au titre de Premier League.
Transfert à Arsenal et nouveau défi pour Bergkamp
L’arrivée de Bergkamp en Angleterre a coïncidé avec un afflux de plusieurs joueurs internationaux vers le championnat de Premier League – la plupart d’entre eux étaient à l’époque des stars en fin de carrière, qui rejoignaient la première division anglaise émergente pour l’argent.
Si c’est le cas de Ruud Gullit, Gianluca Vialli et Fabrizio Ravenelli, ce n’est certainement pas le cas de Bergkamp. À 26 ans, le Néerlandais avait encore ses meilleures années devant lui et il est arrivé à Highbury pour relever un nouveau défi. Personne n’a jamais douté de ses capacités, mais en Italie, les performances de Bergkamp ont été remises en question. Les observateurs s’accordent à dire que son passage à l’Inter était un échec et que le joueur n’est pas impliqué dans la vie de groupe.
Ce n’est pourtant pas du tout le cas. Bergkamp a été formé au modèle néerlandais du football total, où l’équipe passe avant l’individu. Ces critiques étaient donc totalement injustifiés. Comme l’a montré sa carrière à Arsenal, Bergkamp était un exemple brillant pour tous les joueurs qui l’entouraient. Sa présence a élevé le niveau des Gunners, lors des jours de match mais aussi sur le terrain d’entraînement.
Ian Wright et Paul Merson, deux joueurs immensément talentueux, ont tous deux commenté publiquement l’éthique de travail indiscutable de Denis Bergkamp, ainsi que sa technique hors du commun.
Wenger pour peaufiner le diamant Bergkamp à Arsenal
Lorsqu’Arsène Wenger a été nommé entraîneur d’Arsenal en septembre 1996, le jeu de Bergkamp a été élevé à un tout autre niveau. L’ancien entraîneur de Monaco lui a inculqué un style de jeu fortement axé sur la rapidité des passes et le jeu en mouvement sans ballon.
L’approche de Wenger est considérée comme révolutionnaire à l’époque, le football anglais étant encore fortement axé sur le jeu physique. Bergkamp s’était bien adapté à la nature physique de la Premier League, mais avec la vision de son nouveau manager, l’ancien joueur de l’Ajax a pu s’épanouir pleinement.
En tant qu’avant-centre, Bergkamp devient le point central de l’attaque d’Arsenal, lors de la première saison complète de Wenger à Highbury, Bergkamp a connu ce qui allait être sa saison la plus productive dans le nord de Londres, avec 22 buts en 40 matchs, ce qui a permis aux Gunners de remporter un doublé coupe-championnat.
Alors que Wenger réinvente son équipe pour en faire les futurs “Invincibles” lors de la saison 2003/04, Bergkamp devient l’aîné d’une nouvelle génération de jeunes joueurs comme Thierry Henry, Freddie Ljungberg et Robert Pires. Son rôle était d’organiser le jeu offensif grâce à sa créativité.
Un avant-centre qui marquera l’histoire d’Highbury et de la Premier League
Bergkamp a pris sa retraite en 2006 après avoir remporté trois titres de champion avec Arsenal et marqué 120 buts sous le célèbre maillot rouge et blanc. Bien que son corps ait ralenti, son esprit a gardé une longueur d’avance sur tout le monde, et même si sa contribution a été réduite au cours de ses dernières saisons, son influence dans le jeu n’a pas diminué.
Bergkamp fait partie d’un groupe restreint de footballeurs dont l’importance ne peut être quantifiée simplement par le nombre de buts qu’ils ont marqués ou de passes décisives qu’ils ont faits. À l’instar d’Eric Cantona et de Gianfranco Zola, icônes de la Premier League, Bergkamp était un maître du sublime. Sa capacité à avoir un temps d’avance sur ses adversaires, tout en restant toujours calme, est ce qui sépare les bons joueurs des grands. Et quiconque a vu Dennis Bergkamp dans la fleur de l’âge peut attester de sa grandeur. Il restera à jamais une icône de légende à Highbury plus qu’ailleurs.