Si 2022 n’a débuté que depuis trois mois, elle semble déjà être une année à oublier pour le football algérien et égyptien.
La fierté des (n)autres
Championne d’Afrique 2019, l’Algérie se présentait à la Coupe d’Afrique des Nations 2021 – jouée en 2022 – en véritable prétendante à un doublé continental. Un statut de favori justifié à la vue de sa dynamique de matchs sans défaite et d’un groupe dont la cohésion a demeurée et été alimentée par la venue de nouveaux joueurs. Et pourtant… Après une entrée en lice poussive face à la Sierra Leone (0-0), les Fennecs ont été ramenés à la réalité, battus par la Guinée-Équatoriale (0-1) puis par la Côte d’Ivoire (3-1). Dernière et éliminée de son groupe avec un seul petit but marqué, l’Algérie sortait la tête basse de ce qui aurait dû être une véritable fête pour tout un peuple.
Après la désillusion, le temps du renouveau était arrivé. Et comment mieux enclencher une dynamique positive que par une participation à la reine des compétitions de football : la Coupe du Monde. Mais pour cela, les hommes de Djamel Belmadi devaient se défaire des Lions Indomptables, 3èmes de la dernière Coupe d’Afrique. Le match aller des barrages disputé à Japoma (Cameroun) avait pourtant souri aux Verts, vainqueurs 1 but à 0 d’une rencontre qu’ils n’avaient pourtant pas réellement dominé. Au retour, portée par ses supporters massés dans les travées du stade Mustafa-Tchaker de Blida, l’équipe algérienne avait la possibilité d’écrire une nouvelle page de son Histoire.
Tragédie
Vite menés, la faute à l’ouverture du score d’Eric Maxim Choupo-Moting (22è, 0-1), les joueurs algériens ont pourtant réussi à prendre les devants grâce à l’égalisation, synonyme de qualification, d’Ahmed Touba au bout de la prolongation (118è, 1-1). Mais dans le football, on dit souvent que rien n’est joué tant que l’arbitre n’a pas sifflé la fin du match. La preuve encore avec la réalisation de Karl Toko-Ekambi survenue à la 124ème minute, enterrant définitivement les espoirs de tout un pays de prendre part à la plus belle des compétitions que le sport puisse nous offrir.
Révolu le temps des Pharaons
On ne saurait juger quel destin fût finalement le plus tragique entre celui qu’a connu l’Algérie ou celui vécu par les Égyptiens. Après un parcours héroïque lors de la dernière Coupe d’Afrique avec pas moins de trois qualifications acquises à l’issue des prolongations – dont deux aux tirs au but -, les Pharaons, opposés aux Sénégalais, avaient finalement chuté en finale à l’issue de la séance de pénaltys. Comme un symbole.
Le destin peut parfois vous donner une nouvelle chance, une opportunité à saisir qui ne se représentera peut-être ensuite plus jamais. C’est tout ce dont avaient l’air ces barrages d’accession au Mondial 2022 au cours desquels Égypte et Sénégal se retrouvaient, espérant décrocher un billet qui les enverrait directement au Qatar. Au Caire, les coéquipiers de Mohamed Salah pensaient avoir fait le plus dur en s’imposant sur la plus petite des marges, à la faveur d’un but contre son camp de Saliou Ciss (4è, 1-0).
Boucle infernale
Quatre jours plus tard, dans un stade Me Abdoulaye Wade en ébullition, ces derniers ont cependant été rattrapés par de vieux démons qu’ils auraient préféré oublier. Comme lors du match aller, c’est un but inscrit contre son camp, cette fois d’Hamdi Fathi (4è, 1-0), qui permettait aux Lions de revenir à hauteur de leurs adversaires. Incapables de faire la décision à l’issue de 120 minutes étriquées, tout allait encore se jouer durant une fatidique séance de tirs au but.
Et comme si la tension n’était pas déjà assez palpable, elle fût encore montée d’un cran quand les deux premiers tireurs de chaque équipe loupèrent leur pénalty. À 2-1 pour le Sénégal, Mostafa Mohamed ratait le sien, offrant une balle de qualification à Sadio Mané… déjà auteur du tir au but victorieux en finale du championnat d’Afrique quelques semaines plus tôt. En grand joueur, l’attaquant de Liverpool qualifiait son pays pour la Coupe du Monde, à la vue d’un Mohamed Salah, son coéquipier chez les Reds, prostré.
Pour l’Algérie comme pour l’Égypte, c’est au bout de la nuit, alors que les rêves devraient régner en maîtres, que les cauchemars ont finalement jailli, laissant ouvertes des plaies qui ne sont pas prêtes d’être refermées.