Au-delà d’être une affiche alléchante, la rencontre de Ligue Europa entre l’AS Roma et le Real Betis est également synonyme de réunion pour José Mourinho et Manuel Pellegrini. Une relation quelque peu conflictuelle entre les deux hommes, mais qui n’est pas née hier.
Quand Mourinho ouvrait le bal
À l’été 2010, après une saison de grande qualité, mais aucun titre décroché, Manuel Pellegrini est licencié de son poste d’entraîneur du Real Madrid, club qu’il avait rallié un an plus tôt. Son remplaçant ? Nul autre que José Mourinho qui, en marge d’un déplacement de Málaga (le nouveau club de Pellegrini) au Santiago-Bernabéu, avait, à plusieurs reprises, piqué son prédécesseur.
« Si le Real se débarrasse de moi, je n’irai pas entraîner Málaga. J’irai dans un grand club en Premier League ou en Serie A. Parce que je suis dans une situation où je peux choisir. Il y en a qui ne peuvent pas choisir » avait-il déclaré avant d’enfoncer le clou, faisant notamment référence à l’élimination des Madrilènes face à Alcorcon (D3) en Copa del Rey la saison précédente : « Cette saison, pour faire mieux en Coupe, nous n’avions qu’à passer le premier tour. Nous l’avons déjà fait. » Le message était clair, la guerre, elle, déclarée.
La bataille d’Angleterre
Quelques années plus tard, le chemin des deux coachs se croisaient de nouveau, cette fois en Angleterre. Le Chilien à la tête des Skyblues quand le Portugais dirigeait, lui, les Blues. Et il ne fallu pas attendre bien longtemps pour voir naître la première étincelle. En octobre 2013, Chelsea s’impose deux buts à un face à Manchester City. Une défaite amère pour Pellegrini qui, à l’issue de la rencontre, refusera de serrer la main de son adversaire.
Un an plus tard, en décembre 2014, après un match nul entre leur deux équipes (1-1), Manuel Pellegrini, d’un naturel à ne pas faire de vagues, décidait de tacler son collègue. « Je crois que nous avons joué quatre-vingt-dix minutes contre une petite équipe qui essayait de défendre. Je crois que nous avons joué exactement [de la même façon] que nous avions joué contre Stoke ici » avait alors commenté l’entraîneur des Cityzens. Une déclaration qui, parmi d’autres, avait participé à perpétuer la rivalité entre les deux hommes.
« Quand il gagne, Mourinho veut s’attribuer le mérite de tout. Moi, je ne fais jamais ça. Quand j’ai gagné la Premier League, je n’ai pas dit un mot. »
Manuel Pellegrini à propos de José Mourinho
Pas rancunier, le natif de Santiago du Chili avait tout de même donné sa voix au Lusitanien qui, en 2015, avait obtenu le titre de « Coach de l’année ».
La hache de guerre vraiment enterrée ?
Comme on dit souvent qu’avec l’âge vient la sagesse, Manuel Pellegrini ne s’était pas non plus adonné à la critique de Mourinho lors de leurs deux derniers affrontements, en 2018 et en 2019, le premier entraînant alors West Ham quand le second s’était consécutivement retrouvé à la tête de Manchester United puis de Tottenham. Avant la rencontre face aux Spurs (2-3, le 23 novembre 2019), Manuel Pellegrini avait, en avant-match, déclaré : « Ce n’est pas mon ami mais ce n’est pas non plus mon ennemi. Peut-être que je pense différemment, mais ce n’est pas mon ennemi. Chacun a ses options pour jouer au football comme il le souhaite et ce qu’il veut dire. »
Trois ans plus tard, interrogé en conférence de presse avant l’un des chocs de cette phase de groupes de Ligue Europa, le coach de Real Betis n’a pas tari d’éloges vis-à-vis de son confrère romain, tout en lui adressant tout de même un subtil clin d’œil. « Ma relation avec José Mourinho est bonne car nous avons vécu ensemble de nombreuses années en Espagne et en Angleterre, alors chacun est maître de ses propres mots.
Pour moi, entraîner Malaga a été une fierté et je confirme ce qui a été dit. Même si j’ai entraîné de grands clubs, j’étais content de ce choix. Je n’ai pas parlé en privé avec Mourinho maintenant, nous nous sommes rencontrés de nombreuses fois et nous ne sommes pas revenus sur les mots de 2010 » a ainsi déclaré l’homme de 69 ans, ajoutant que le choix du Portugais de rejoindre la Roma avait été une décision « mature » qu’il n’avait lui-même pas hésité à faire dix ans auparavant. De bonne guerre.