En 1977, le roi Pelé a déclaré qu’une nation africaine gagnerait la Coupe du monde avant l’an 2000. Bien que ses prévisions ne se soient jamais concrétisées, les années 1990 ont vu le continent africian produire sa première véritable star mondiale. En 1995, le sensationnel George Weah a été nommé Joueur mondial de la FIFA de l’année. En deux décennies, l’attaquant aujourd’hui à la retraite reste la star la plus reconnue et la plus emblématique du Liberia. Retour sur l’histoire de la légende du football africain : Mister George Weah.
Des bidonvilles aux projecteurs du championnat de football du Libéria
Le roi incontesté du foot africain n’a pas eu des débuts faciles, c’est ce qui rend son ascension vers les sommets du football mondial d’autant plus fascinante. Né dans la pauvreté en 1966, Weah ne semblait pas destiné à une telle réussite. Grandissant dans le ghetto de Clara Town, dans la banlieue de Monrovia, la capitale du Liberia, le jeune Weah aurait pu facilement suivre un chemin similaire à celui de beaucoup d’autres.
Malgré un talent naturel évident pour le football dès son plus jeune âge, le début de sa carrière professionnelle dans son pays natal n’offrait aucune garantie pour le futur attaquant. Pendant la majeure partie de son début de carrière, la star George Weah a dû combiner son métier de footballeur avec un job de standardiste.
Début tonitruant dans le football professionnel Libérien
Sur le terrain, la première saison de Weah en tant que professionnel se termine par un doublé national pour son club, le Mighty Barrolle. Le jeune attaquant a joué un rôle clé dans les victoires de son club en championnat et en coupe.
Un transfert à Invincible Eleven, le club rival de la ville, lui apporte un succès similaire, puisque l’attaquant marque plus d’un but par match, ce qui permet à son nouveau club de remporter le titre du championnat Libérien. Pendant ce temps, sa réputation grandissante est récompensée par des débuts internationaux en sélection du Libéria, au cours desquels l’attaquant marque contre le Nigeria.
Dans son pays natal, George Weah s’est rapidement imposé comme le meilleur joueur du pays, mais si une carrière au Liberia lui offrait une grande popularité auprès de la population locale, George Weah avait des ambitions bien plus grandes.
Décollage vers l’étranger et premiers pas époustouflants à l’AS Monaco
La première expérience à l’étranger pour George Weah commence à la suite de son transfert au club camerounais de Tonnerre Yaoundé, où il continue à marquer des buts et malmener les défenses. Les réseaux de recrutement des clubs européens étant encore à leurs balbutiements par rapport à maintenant, certains entraîneurs ont décidé de prendre les devants pour engager le jeune Weah.
Arsène Wenger, alors à Monaco, est l’un d’entre eux. En 1988, le Français fait venir le jeune attaquant de 21 ans dans le club de la principauté, une opération qui servira de déclic non seulement pour Weah lui-même, mais aussi pour les joueurs africains en général.
Weah ne tarde pas à se faire un nom en Europe ; sa première saison en première division française se solde par un total de 17 buts, ce qui lui vaut d’être élu Footballeur africain de l’année en 1989.
À la fin de sa troisième saison au Stade Louis II, le Libérien a été sacré meilleur joueur étranger de l’année en France et a aidé les Rouges et Blancs à remporter leur cinquième Coupe de France en marquant à plusieurs reprises notamment lors de la victoire 1-0 en finale contre Marseille.
En quatre saisons à Monaco, l’attaquant libérien est passé du statut d’espoir à celui de buteur incontesté, du héros local à la reconnaissance européenne, du garçon à l’homme. Weah a marqué plus de 60 buts sous la direction de Wenger, en particulier lors de la course à la Coupe des clubs champions de l’UEFA en 1991/92. Mais c’est lors de son prochain transfert que la superstar va véritablement commencer à faire connaître le football libérien.
Révélation de la superstar Weah avec le PSG
Le club du Paris Saint-Germain est la destination choisie par Weah, et il ne faut pas longtemps au joueur de 26 ans pour s’acclimater. La première saison du Libérien au Parc des Princes s’achève par un nouveau trophée : les Parisiens battent Nantes en Coupe de France, une coupe qu’ils remporteront à nouveau deux ans plus tard.
Pendant ce temps, Weah continue de marquer avec la même régularité que dans chacun de ses clubs précédents. L’icône du Liberia est prête à s’imposer comme l’un des meilleurs joueurs de sa génération. Après huit ans d’attente, le PSG décroche enfin le deuxième titre de Ligue 1 de son histoire en 1993/94. L’influence de Weah aux côtés de David Ginola s’est avérée déterminante tout au long de la saison. Ces succès individuels et collectifs permettent à George Weah de décrocher son deuxième titre de Joueur africain de l’année en 1994.
Sur le plan national, Weah n’est pas tout à fait à son meilleur niveau avec le PSG lors de la saison 1994/95, même si l’attaquant a tout de même inscrit sept buts en Ligue 1. Le sept est aussi son chiffre fétiche dans la compétition de la Ligue des champions : ses buts permettent au PSG d’atteindre le stade des demi-finales de la plus grande compétition de football de clubs. C’est ce qui va permettre à G. Weah d’obtenir le titre de meilleur buteur du tournoi et d’être propulsé dans la catégorie des meilleurs attaquants des années 90.
Ascension au sommet du football Européen avec le Milan AC
À une époque où le football italien était considéré comme le summum, le Milan AC du géomètre Fabio Capello a réussi à attirer l’attaquant libérien. Weah troque donc le rouge et bleu pour le rouge et noir avec l’espoir de devenir une légende en Italie. Quelques mois après son arrivée à San Siro, sa place dans l’histoire était assurée.
L’homme ne pouvait pas rêver d’un meilleur départ pour sa carrière milanaise, en marquant seulement sept minutes (ce chiffre porte-bonheur, encore une fois) après ses débuts dans le championnat de Serie A. Il confirmera ensuite grâce à un doublé crucial lors du déplacement à la Roma en début de saison, le Libérien est alors en passe de devenir aussi populaire en Italie qu’en France.
L’année 1995 de Weah aurait difficilement pu mieux se dérouler : il avait déjà remporté deux coupes nationales et était le meilleur buteur de la Ligue des champions avant son arrivée à Milan. Son efficacité immédiate dans le championnat de football le plus difficile de l’époque confirme que l’attaquant libérien a atteint le sommet.
Weah élu meilleur joueur de l’année par la FIFA en 96
Nous considérons aujourd’hui que le 8 janvier 1996 est l’une des dates les plus importantes du sport africain. Après une incroyable montée en puissance, soulignée par une année 1995 vraiment incroyable, George Weah est nommé meilleur joueur de l’année par la FIFA. Il devance très largement Paolo Maldini au classement. La victoire de Weah est une victoire pour le joueur, mais aussi pour toute l’Afrique.
Le football libérien est désormais bel et bien présent sur la carte, et cela ne pouvait pas arriver à un moment plus important. Le beau jeu a une capacité inégalée à unir les factions en conflit. Le brio de Weah sur le terrain a été l’un des rares éléments unificateurs tout au long de la guerre civile au Libéria entre 1989 et 1997.
Une influence qui dépasse les terrains de football
Outre l’influence qu’il a exercée à l’étranger, l’attaquant s’est servi du football comme d’un ciment pour les communautés de son pays, en créant un club pour les enfants en difficulté au Libéria, afin de les aider à retrouver le chemin de l’éducation et de la normalité.
Dans le même temps, l’attaquant a entraîné son équipe nationale dans son tout premier grand tournoi en la qualifiant pour la Coupe d’Afrique des Nations 1996. Bien que le Liberia ait été éliminé en phase de groupe, la cohésion nationale a joué un rôle clé dans le processus de guérison après un premier cessez-le-feu en 1995.
Seule une poignée de sportifs peuvent prétendre avoir transcendé leur discipline, mais Weah en fait partie. Si son impact sur et en dehors du terrain a fait de lui un héros dans son pays. La deuxième moitié de la décennie a été marquée par les images de ses accélérations et de ses buts. Les plus grandes défenses de l’époque, la Juventus, la Roma et la Lazio se sont inclinés devant le talent de George Weah.
Le but légendaire de Mister George
Son but le plus emblématique à Milan est surement gravé dans les mémoires de tous les fans de football italien de l’époque. Après avoir contrôlé calmement le ballon dans sa propre surface, Weah s’est lancé dans un sprint de plus de 80 mètres, en driblant la moitié de l’équipe de Vérone avant de tromper le gardien avec sang-froid. Un mélange d’instinct, d’athlétisme et de maîtrise, ce but résume tout ce qui fait de l’attaquant l’un des joueurs les plus doués de son époque.
Il ne faut qu’une saison à Weah pour soulever son premier Scudetto. Alors que l’équipe de Milan AC capitule à la suite du départ de Fabio Capello en ratant sa qualification en Coupe d’Europe lors des deux saisons qui suivent, le Libérien continue de s’épanouir, terminant chacune de ses trois premières saisons à Milan comme meilleur buteur du club. L’attaquant a failli conserver son titre de Ballon d’Or, en terminant deuxième derrière Ronaldo lors de l’édition de 1996.
Les dernières étincelles Weah ?
Bien qu’il ait joué assez régulièrement pendant la première moitié de la saison 1999/2000, Weah est prêté à Chelsea en janvier 2000, devenant immédiatement un héros culte à Stamford Bridge grâce à un premier but mémorable contre le rival Tottenham Hotspur. Weah et les Blues ont ensuite remporté la FA Cup cette saison-là.
À l’âge de 30 ans, le temps de Weah au sommet du football touche lentement à sa fin. Après son départ de l’AC Milan, il passe par Manchester City et Marseille avant de rejoindre les Émirats arabes unis avec Al-Jazira. Ses buts ont permis à son pays de participer à une autre Coupe d’Afrique des Nations en 2002, où il a ouvert le score lors du match nul 1-1 contre le Mali. Le Libéria est de nouveau éliminé en phase de groupe, mais le pays étant dévasté par une deuxième guerre civile, le football aura tout de même permis à la nation ouest-africaine de s’évader.
Depuis sa retraite, Weah s’est montré très influent dans son pays en devenant sénateur afin d’aider à unifier le Liberia. Pendant ce temps, sa légende se perpétue en Europe grâce à ses fils, mais quel que soit l’avenir des enfants Weah dans le football, personne ne pourra jamais reproduire l’impact du premier joueur africain de l’année.
Le talent de George Weah a ouvert la voie aux futures stars du continent africain afin qu’elles puissent s’exiler et réussir dans les grands championnats européens. Weah a offert à une génération de supporters du monde entier des buts mémorables et il s’est hissé éternellement au rang des meilleurs attaquants qu’est connu l’histoire du football. Mister George Weah, le héros de légende du football africain.