En 1960, Gers et Adler se disputaient une place en finale de Ligue des Champions. Ce mercredi, les Glasgow Rangers et l’Eintracht Francfort se retrouveront, cette fois pour décrocher le 51ème trophée de l’histoire de la Ligue Europa.
Il faut remonter dans le temps, à une époque que les moins de 60 ans ne peuvent pas connaitre, pour trouver trace d’une opposition européenne entre Allemands de l’Ouest et Ouest-Écossais. En 1960, la demi-finale de Coupe des clubs champions européens, aujourd’hui devenue Ligue des Champions, ne leur promettait qu’une seule chose, l’obligation de faire face un géant espagnol pour espérer soulever un trophée auquel ils n’avaient jamais goûté. D’ailleurs, personne d’autre n’avait eu la possibilité de poser ses mains sur ce dernier. Depuis sa première édition en 1956, le Real Madrid s’en était accaparé le monopole, triomphant deux fois du Stade de Reims, une de l’AC Milan et une des Florentins de la Fiorentina.
Cette année-là, pour la cinquième fois consécutive, les Merengues de Di Stéfano ou de Puskas prétendaient à un nouveau sacre européen. Face à eux se dresse le rival éternel, symbole d’une Espagne désunie, le FC Barcelone de Luis Suárez et de László Kubala. Après une double confrontation aisément dominée par les Madrilènes (1-3 ; 3-1), Glaswégiens et Francfortois le savaient, la conquête du titre final passerait par quelque chose de plus grand, de plus puissant, qu’un simple match de football. Mais pour en arriver là, fallait-il encore se triompher de son adversaire.
Glasgow, les signes d’un succès à domicile
Comme l’a un jour dit Sigmund Freud : “Les grandes choses peuvent se manifester par de petits signes.” Ce sont en tout cas des mots auxquels peuvent s’accrocher les supporters des Light Blues en ce printemps 1960. Troisièmes de Premiership à l’issue de la saison 1959-1960, les Écossais ne disputent alors que la seconde coupe d’Europe de leur histoire. Après une élimination au premier tour de Coupe des clubs champions européens en 1956 face à l’OGC Nice, l’équipe alors menée par Scot Symon réalise cette fois un parcours remarquable.
Après avoir consécutivement éliminé les champions de Belgique (RSC Anderlecht), de Tchécoslovaquie (Inter Bratislava) et des Pays-Bas (Sparta Rottendam), les Teddy Bears retrouvent cette fois l’Eintracht Francfort, poussif tombeur du Wiener SK (1-1 ; 2-1) et dauphin du Rapid Vienne dans le championnat autrichien. Et à ce niveau de compétition, tous les signes sont bons à prendre pour alimenter l’espoir. Pour les Rangers, ce sera la projection sur une finale à domicile, au Hampden Park de Glasgow, dans ce qui deviendra l’affiche ayant recensé la plus grande affluence dans l’histoire de la reine des compétitions (127.621 spectateurs).
Francfort, la découverte européenne
Surprenants champions en titre d’Öberliga Sud la saison précédente (1958-1959), les Aigles de Francfort sont certainement l’équipe idéale à affronter pour rallier une finale européenne. Ou c’est, du moins, l’intime conviction de l’équipe glasgovienne. Une confiance presqu’arrogante caractérisée par les propos de leur entraîneur Scot Symon qui, à l’orée du match aller en Allemagne, s’interroge alors : “Eintracht, qui sont-ils ?“. La réponse, il la connaîtra plus rapidement qu’il n’aurait pu le croire. Pour sa première participation à une coupe d’Europe, la “Diva du Main”, mélange de jeunesse et d’expérience, entendait bien montrer de quoi elle était capable.
Revers et sets gagnants
Menés par leur capitaine et chef d’orchestre gaucher de 33 ans Alfred Pfaff, auteur d’un doublé à domicile et à Ibrox, die Adler – les Aigles – survolent cette double confrontation, infligeant deux lourdes défaites aux Écossais (6-1 ; 3-6). Et ce n’est pourtant pas face à une équipe leur étant techniquement supérieure que ces corrections furent infligées, mais face à un groupe plus affuté physiquement et avec une organisation tactique claire : attirer la puissante défense des Gers pour piquer dans le dos des joueurs adverses à la faveur de courses rapides vers l’avant. Un schéma répété à l’aller comme au retour et face auquel les champions d’Écosse n’ont pu qu’assister, impuissants.