Le 11 novembre 2007, l’Olympique de Marseille remportait sa dernière victoire en terrain lyonnais grâce à un doublé de Mamadou Niang.
Ce dimanche, dans un Groupama Stadium comble, les hommes de Jorge Sampaoli tenteront de briser une série noire vieille de 14 ans. Face à eux, les coéquipiers de Lucas Paquetá auront à coeur de renverser la vapeur après leur terrible désillusion rennaise (4-1). Coup de projecteur sur les enjeux de cette rencontre.
La meilleure défense, c’est l’attaque
Si il y a bien une chose que Peter Bosz et Jorge Sampaoli ont en commun, c’est une idée, celle d’un football porté vers l’avant dans lequel les joueurs ne doivent pas se montrer avare d’efforts dans les courses sans ballon. Alors oui, cela suppose une débauche d’énergie non négligeable mais en tant que spectateur, comment se montrer réticents à ce jeu sur le papier si ambitieux ?
Bosz, le réfléchi
Passé par l’Ajax Amsterdam, par le Bayer Leverkusen ou encore par le Borussia Dortmund, l’entraîneur batave de 57 ans a pour lui de proposer un football attractif pour celui qui le regarde. Au contraire de beaucoup de coachs dont le style de jeu est difficilement perceptible, celui du successeur de Rudi Garcia l’est facilement : “On veut un pressing haut, même si ce n’est pas toujours possible, et il faut rester compact. Quand on a le ballon, je veux qu’on joue, qu’on n’en ait pas peur. Et si on le perd, je veux le récupérer tout de suite en pressant.” déclarait-il au média de l’OL à son arrivée dans le Rhône. Un pressing haut combiné à une possession de balle moyenne de 58,2% (en Ligue 1), à un jeu offensif intéressant (6ème attaque du championnat avec 21 buts inscrits) et à un effectif de qualité devraient pouvoir permettre aux Gones de retrouver une place en Ligue des Champions, eux qui en sont absents depuis 2 saisons.
Systèmes et châtiments
Et pourtant, quand on observe d’un peu plus près le classement, Lyon semble faire du sur-place. Avec 5 victoires, 4 nuls et 4 défaites, les rhodaniens ne se classent pour l’instant qu’à une décevante 7ème place, bien qu’à seulement 4 points du podium. Si les joueurs ont bien entendu leur part de responsabilité dans ce début de championnat aux résultats mitigés, on peut se rendre compte que Peter Bosz a lui aussi ses failles.
Hormis la défaite face au Paris Saint-Germain, trois des diverses désillusions de ce début d’exercice 2021/22 ont eu lieu lorsque le coach néerlandais a décidé d’organiser son onze dans un 4-3-3. Résultats : deux lourdes défaites face à Angers (3-0) et face à Rennes (4-1) et une contre-performance contre Lorient (1-1).
Alors, bien que l’Olympique Lyonnais ait tout de même encaissé 21 buts depuis le début de la saison, le 4-2-3-1 semble être le système de jeu dans lequel les joueurs se sentent le plus à l’aise. C’est d’ailleurs dans ce système que Lyon a pu renverser la tendance contre le Sparta Prague en Europa League (3-4), est venu à bout de concurrents directs que sont Monaco (2-0) et Lens (2-1) et a certainement produit l’un de ses meilleurs matchs, sur la pelouse du Parc des Princes (2-1).
L’Homme-clé : Lucas Paquetá, l’influent
Acheté à l’AC Milan en septembre 2020 contre la somme de 20 millions d’euros, le milieu de terrain auriverde s’est très vite fait adopter par les supporters du club rhodanien. Occupant initialement le rôle de milieu offensif, les blessures conjointes d’Islam Slimani et de Moussa Dembélé ont forcé son entraîneur à lui offrir le poste de numéro 9, chose qui ne semble pas l’avoir tant perturbé puisqu’il a ce mois-ci été nommé “Joueur du mois” par l’UNFP. D’ailleurs, réduire ce joueur à un positionnement ne serait pas vraiment lui rendre hommage tant sa densité physique, sa technique et son agilité face au but lui permettent d’évoluer à différents niveaux du terrain. 6, 8, 10, 9 ou faux-9, Lucas Paquetá est partout, tout le temps, pour le plus grand plaisir de son coach et de ses fans.
Sampaoli, droit au but
« Je pense plus au but d’en face qu’à préserver le mien ». Si Jorge Sampaoli devait se résumer à une phrase, cette déclaration faite à nos confrères de So Foot serait la parfaite représentation de ce que représente le football aux yeux de l’ancien sélectionneur de l’Albiceleste. Celui qui a remporté la Copa America 2015 avec le Chili s’érige en disciple d’un personnage qui, à sa manière, a marqué le peuple olympien : “El loco” Marcelo Bielsa. Et fou, c’est un petit peu ce qu’il est. Pas dans le sens péjoratif du terme bien sur, mais plutôt comme quelqu’un dont l’euphorie ne demande qu’à être transmise à ceux qui l’observent. Et cette folie, il l’assume car pour lui, sa mission est de rendre les gens heureux. Alors, dans un club comme l’OM où ferveur populaire et envie de gagner s’entremêlent, comment un tel mariage ne pourrait-il pas être une parfaite réussite ?
Un dés-équilibre à trouver
Bien que l’euphorie soit pain quotidien dans le cratère du Vélodrome, il n’en demeure pas moins que la vérité du terrain est une chose primordiale. Une question s’impose donc : comment définir le système Sampaoli ? C’est une chose bien compliquée. Si selon les dires d’El Pelado, il privilégie une organisation en 4-3-3, son équipe a connu différents systèmes, avec plus ou moins de réussite. 3-5-2, 4-2-3-1, 4-4-1-1 : tant de compositions différentes desquelles découlent souvent un problème de déséquilibre. Les efforts répétés et la demande d’un jeu sur de larges espaces nécessitent une condition physique et une organisation parfaites, chose qui peut parfois manquer aux Olympiens et ainsi les mettre en difficulté.
L’Homme-clé : Dimitri Payet, retour en grâce
10 matchs, 6 buts et 3 passes décisives en Ligue 1 cette saison. Ces seules statistiques permettent de comprendre pourquoi Dimitri Payet est le joueur-clé de l’OM de Sampaoli, un “game-changer” comme on pourrait s’amuser à l’appeler. Souvent aligné en pointe durant la convalescence d’Arkadiusz Milik, l’international français a, depuis le retour du polonais, retrouvé un poste de meneur de jeu auquel il excelle. De plus, sous la houlette du tacticien argentin, le milieu offensif s’est offert une seconde jeunesse. Plus affuté que l’an passé, chose pour laquelle il avait été rudement critiqué, il affiche une forme physique étincelante, notamment auteur de retours défensifs dont on ne le pensait plus forcément capable.