Après 31 ans d’attente, Luton Town n’a jamais été aussi proche de retrouver l’élite du football anglais. Tombeurs de Sunderland en demi-finale des play-off du Championship (3-2 aux scores cumulés), les Hatters défient ce samedi Coventry City, dans un stade de Wembley où leurs supporters sont attendus par – dizaines de – milliers.
Pour Rob Edwards, le manager de Luton, n’être plus qu’à un match de la Premier League relève d’ailleurs du « surréalisme ». Et sur ce point, difficile de contredire l’ancien joueur de Wolverhampton, lui qui a l’occasion de mettre fin à plus d’une décennie de doutes, de joies et de désillusions.
Un enjeu que les fans comprennent mieux que quiconque, ayant assisté, dès 2007, à la descente aux enfers de leur club.
Car si jusqu’alors Luton navigue calmement entre les différentes divisions de la Football League, cette saison 2006-07 marque le début d’une période particulièrement tempétueuse pour le club.
Chute vers le monde semi-professionnel et lente remontée
23e du Championship à son issue, les Hatters terminent la suivante à la 24e place de League One (D3), sanctionnés – par la Football Association et la Football League – d’un retrait de 10 points en raison de problèmes financiers. Déjà relégués en League Two (D4), les hommes de Mick Harford se voient être de nouveau pénalisés, cette fois de 30 points, en raison d’irrégularités persistantes.
Un coup dur pour Luton qui en 2009, pour la première fois de son Histoire, quitte le monde professionnel et est rétrogradé en Conference National, la cinquième division anglaise. Cinq saisons durant, le club se bat pour retrouver son statut, accède aux play-off à trois reprises (2009-10, 2010-11 et 2011-12) et remporte enfin le championnat à l’issue de la saison 2013-14, porté notamment par Andre Gray, meilleur buteur de l’exercice avec 30 réalisations.
Sous les ordres de John Still, Luton termine à la 8e place de League Two (D4) à la fin de la saison 2014-15. Mais les mauvais résultats de la fin de l’année 2015 (17e après 21 journées) ont raison de l’Anglais, remercié par sa direction au mois de décembre.
Dans une situation délicate, cette dernière décide de confier les rênes de l’équipe à Nathan Jones, ancien défenseur au CV quasiment vierge en tant qu’entraîneur (2 matchs sur le banc de Brighton). Un choix risqué, mais qui va s’avérer payant.
11e et maintenu à l’issue de ses six premiers mois, il parvient à accrocher la 4e place au terme de la saison 2016-17. Qualifié pour les play-off, Luton bute finalement sur Blackpool lors des demi-finales (2-3 ; 3-3). Un accroc rapidement outrepassé puisque le club termine deuxième la saison suivante et obtient sa promotion vers la League One (D3).
Mais chez les Hatters, rien ne semble réellement fait pour durer, comme le confirme le départ de Nathan Jones vers Stoke City à l’hiver 2019.
Promotion en Championship et rêves de Premier League
Pour tenter de pallier à ce départ, Mick Harford est désigné comme entraîneur intérimaire jusqu’à la fin de la saison. Flair ou alignement des étoiles, Luton continue son extraordinaire remontée vers l’élite en remportant le titre de champion de troisième division et en décrochant, par la même occasion, sa seconde promotion consécutive.
Installé à la tête de l’équipe, Graeme Jones se rend rapidement compte qu’assurer la pérennité du club au plus haut niveau ne sera pas chose aisée. Aux portes de la zone rouge (19e) au mois d’avril 2020, il fait lui aussi les frais de ses mauvais résultats et quitte le club d’un commun accord avec ses dirigeants. Un sort similaire à celui de Nathan Jones, viré par Stoke en novembre 2019 après que son équipe n’ait remporté que 2 de ses 14 premiers matchs de championnat.
Pourtant parti de Luton quasiment un an et demi plus tôt, Nathan Jones retrouve le banc des Hatters et aide son ancien club à se maintenir en Championship (19e en 2020, 12e en 2021, 6e en 2022) et y progresser.
• 2016: Stayed in League Two
— The Coaches' Voice (@CoachesVoice) May 7, 2022
• 2018: Promoted to League One
• 2020: Survived in the Championship
• 2022: Make the Championship playoffs
With one of the smallest budgets in the division, Nathan Jones has taken Luton Town within three games of the Premier League. 🎩📈#LTFC pic.twitter.com/9FmWKwqoFv
Malgré son élimination en demi-finale des play-off la saison passée (face à Huddersfield), le Gallois jouit d’une belle côte de popularité dont il profite pour remplacer Ralf Hasenhüttl sur le banc de Southampton.
De nouveau orphelin de son sauveur, le board lutonien nomme Rob Edwards, ancien entraîneur du rival Watford, à la tête de l’équipe. Un nouveau coup de génie puisque six mois plus tard, seules 90 minutes séparent encore les Hatters de l’élite du football anglais.