Considérée comme l’une des premières stars françaises du ballon rond, Marinette Pichon voit aujourd’hui sa vie être mise à l’écran, avec le soutien du Crédit Agricole, par la réalisatrice Virginie Verrier et par Garance Marillier, son interprète.
« Le football m’a permis d’être fière de moi », confie Marinette Pichon, présente à l’avant-première du film Marinette, projeté ce mercredi 31 mai dans l’intimité de la petite salle du Studio 28 (Paris XVIII).
Car oui, fière, elle peut l’être. Première footballeuse française devenue professionnelle, précurseuse de l’émancipation de la femme homosexuelle dans un milieu à forte consonance masculine et personnalité engagée dans le combat pour l’égalité des sexes, l’ex-internationale tricolore (112 sélections, 81 buts) voit aujourd’hui l’histoire de sa vie être racontée à l’écran.
Marinette Pichon, ou la résilience
Dans ce biopic, le premier à mettre en lumière l’histoire d’une sportive française, c’est le tableau de la vie d’une fillette devenue icône qui est dépeinte au spectateur. De la découverte du soi aux difficultés de l’existence, de la violence d’un père à l’amour d’une mère – et d’une sœur -, de la lutte contre le sexisme à celle face à elle-même, Marinette dribble avec maîtrise et légèreté entre de nombreux sujets qui embrassent toujours l’actualité.
Un hommage auquel Marinette Pichon ne se serait jamais attendue, mais que Virginie Verrier, la réalisatrice, a tenu à lui rendre, à elle, son « héroïne ».
Alors que le film sort en salle le 7 juin prochain, l’ancienne attaquante de l’équipe de France a accepté de répondre à nos questions.
Auriez-vous un jour imaginé que votre histoire soit adaptée au cinéma ?
Non, à aucun moment. C’est quelque chose d’unique d’avoir la possibilité de voir sa vie racontée au cinéma ou dans un livre. Je suis très honorée de ça.
Quel est le message que vous souhaitez faire passer à travers ce film ?
Beaucoup de choses, car ça ne parle pas que de football. Je pense que le spectateur va se dire “Ah oui, quand même !”. Il y a plein de sujets qui sont évoqués. Ce que je souhaite partager avec les gens, c’est qu’il est possible de croire en ses rêves, en dépit des obstacles de la vie. Au-delà du football, tous les thèmes sociaux traités dans le film sont capitaux.
Comment jugez-vous l’évolution du football féminin ?
On a sacrément progressé. On a un diffuseur sur le championnat de France, un naming avec la D1 « Arkema », une augmentation du nombre de licenciées. Je trouve que ça évolue, reste maintenant à continuer à le faire et à franchir le cap du professionnalisme.
Le coup d’envoi de la Coupe du Monde féminine approche. Qu’en espérez-vous ?
Un bon résultat de l’équipe de France, un détonateur avec un groupe solidaire malgré les incertitudes (Marie-Antoinette Katoto, Delphine Cascarino). J’ai foi en nos filles et j’en serai la première supportrice.
À un petit peu plus d’un mois du début de la compétition, celle-ci n’a toujours pas de diffuseur français. Quel est votre ressenti par rapport à cela ?
(Sourire) Je sais qu’il y a eu une réunion d’urgences entre différents ministres des sports européens et je pense que l’on va enfin trouver un consensus avec les différentes institutions pour être télévisées et visibles.
Avez-vous eu l’occasion d’échanger avec la ministre concernant ce dossier ?
Pas du tout. Je regrette le fait que l’on ait pas encore de diffuseur, mais je ne pense pas pouvoir apporter une plus-value à ces discussions.
Vous allez commenter le Mondial 2023 pour la chaîne canadienne RDS. Comment expliquez-vous qu’un pays comme le Canada, pas forcément connu pour sa passion du football, dispose d’une couverture médiatique complète ?
C’est un pays connu pour être sportif et je pense que, malgré les créneaux de diffusion qui seront évidemment contraignants au vu du décalage horaire, il y a une vraie volonté, une réelle envie de mettre le sport féminin à l’honneur.
Quelles sont, selon vous, les raisons pour lesquelles le football féminin attire moins en France que chez nos voisins européens ?
Là encore c’est une question d’envie. Je pense que le public est demandeur. Il faut être capable d’avoir des offres financières à la hauteur des attentes, une diffusion plus large du sport féminin à la télé et surtout de l’incertitude sportive. Aujourd’hui, c’est comme si on savait à l’avance que l’OL allait finir champion, que le PSG serait son dauphin et que le PFC ou Montpellier complèterait le podium.