Une enquête menée auprès des jeunes en France affirme qu’il y a eu depuis 2014 une augmentation significative du nombre de mineurs qui parient sur les différents sites et applications de paris sportifs.
L’enquête, menée par la Société d’Entraide et d’Action Psychologique (SEDAP), organisme de recherche et de traitement des addictions, en partenariat avec l’Université Concordia de Montréal, a mené une recherche basée auprès de 5 000 adolescents, âgés de 15 à 17 ans.
Plus d’un tiers des personnes interrogées (34,8 %) ont déclaré avoir parié au moins une fois au cours des douze derniers mois. La proportion de joueurs âgés de 15 à 17 ans est restée à peu près stable par rapport aux résultats de l’enquête de 2014, dans laquelle 32,9 % des jeunes avaient déclaré avoir parié au cours de l’année.
Des chiffres qui augmentent depuis 2014 d’après l’ICJE
Sur le nombre de ceux qui ont déclaré avoir parié au cours de l’année écoulée, le rapport affirme que 12,9 % étaient classés comme des joueurs à risque modéré, et que 21,9 % de cet échantillon étaient classés comme des joueurs excessifs, selon l’Indice canadien du jeu excessif (ICJE). Ce chiffre a marqué une augmentation significative par rapport aux 11,0 % de joueurs mineurs modérés à excessifs enregistrés en 2014.
L’ICJE est une mesure de dépistage qui attribue aux joueurs un score en fonction de leurs réponses à une série de 9 questions sur le jeu. Ceux dont le score est compris entre 0 et 2 sont considérés comme présentant un risque nul ou faible, tandis que ceux dont le score est compris entre 3 et 7 sont classés comme présentant un risque modéré. Tout résultat supérieur à 8 sur l’ICJE dénote un jeu excessif et des habitudes de jeu malsaines.
Quelles sont les explications de ce phénomène ?
Les participants ont souligné trois problèmes courants liés aux paris sportifs : chercher à récupérer ses pertes, parier plus d’argent que ce que la personne peut se permettre de perdre et avoir besoin de parier plus d’argent pour obtenir le même plaisir de jouer.
Sur les 1 740 jeunes âgés de 15 à 17 ans qui ont déclaré avoir pariés au cours de l’année, l’âge moyen de leur première expérience de jeu était de 13 ans et trois mois. Le premier produit de jeu auquel ils se sont adonnés à tendance à être les cartes à gratter, suivies des jeux de loterie, puis des paris sportifs.
L’argent pour jouer provient généralement de l’argent de poche. Sur les 1 740 personnes interrogées, 51,9% ont déclaré avoir utilisé de l’argent de poche pour jouer, et 33,0% ont déclaré avoir reçu de l’argent de leur mère pour jouer.
Il existe des preuves significatives d’une exposition accrue à la publicité pour les jeux d’argent et les paris sportifs, puisque près de neuf mineurs sur dix (86,8 %) ont déclaré avoir lu, vu ou entendu des promotions. Cette exposition s’est faite principalement par le biais des médias (46,5 %), suivis des réseaux sociaux (35,2 %) et des points de vente (32,3 %). Lire notre article sur les mesures de l’ANJ pour limités les publicités des paris sportifs en France.
Les publicités les plus vues concernaient l’opérateur local de paris sportifs et poker Winamax, l’opérateur de loterie nationale La Française des Jeux et ses marques filiales, suivis de Betclic, Pari-Mutuel Urbain, Zebet et PokerStars.
Le jeu et les paris sportifs omniprésents dans la vie des adolescents selon l’ANJ
“Les jeux d’argent s’infiltrent de plus en plus dans le quotidien des mineurs, relayés par la publicité et par une certaine complicité des parents”, a déclaré Isabelle Falque-Pierrotin, présidente de l’ANJ. “Que ce soit en ligne ou en présentiel, la lutte contre le jeu des mineurs est désormais un enjeu majeur de politique publique car, on le sait, plus le jeu commence tôt, plus le risque d’addiction est important.”
“L’ANJ est déterminée à utiliser tous ses moyens pour lutter contre ces pratiques, y compris en prononçant des sanctions. Il est crucial que toutes les parties prenantes, telles que les parents, les opérateurs de jeux, les réseaux sociaux et les autorités publiques, agissent.”
Le directeur général de la SEDAP, Emmanuel Benoit, a ajouté que les jeunes âgés de 15 à 17 ans se trouvaient à un moment de leur vie où ils étaient “émotionnellement fragiles”, et pouvaient donc être vulnérables au développement de comportements malsains.
L’autorité de régulation a lancé une consultation publique sur la publicité pour les jeux d’argent en septembre dernier, qui faisait suite à une mise en garde de l’autorité de régulation aux opérateurs sur les niveaux de publicité dans le sillage de l’Euro 2020. Le rapport annuel de l’ANJ sur les plans d’action en matière de jeu responsable a ensuite mis en garde contre les ” progrès substantiels ” que l’industrie doit encore réaliser à cet égard.
L’ANJ s’est associée à l’Union nationale des associations familiales (UNAF) en 2020 afin de contribuer à la protection des enfants et des jeunes du pays contre les méfaits du jeu.