Lors de l’été 2001, la Juventus va aller chercher un créateur, un meneur de jeu qui fait le bonheur de la Lazio depuis 1996. Discret, infatigable et très intelligent sur le terrain, ce dernier va définitivement se faire un nom parmi les légendes du football en devenant l’un des tout meilleurs joueurs de sa génération. Voici la fabuleuse histoire du tchèque Pavel Nedved, surnommé la “Furia Ceca” par les italiens.
Révélation de l’ange blond Nedved à l’Euro 96
Lors de finale de l’Euro 96 entre l’Allemagne et la République Tchèque, on retrouve dans le 11 Tchèque, un jeune joueur de 23 ans qui va connaître cet été là le tournant de sa carrière. Après une finale perdue 2 à 1, Pavel Nedved va faire le grand saut en rejoignant la Lazio de Rome.
Le jeune Pavel vient de passer quatre belles années au Sparta Prague en y remportant notamment deux titres de champion de République Tchèque en 94 et 95 mais aussi celui de Tchécoslovaquie en 1993.
Pour la petite histoire, Pavel racontait dans un entretien qu’il avait pris part à la révolution de velours. Fin 1989 en Tchécoslovaquie des manifestations non violentes sont menées pour chasser les communistes du pouvoir suite à la chute du mur de Berlin et pour permettre d’élire un nouveau président. Trois ans plus tard en décembre 92, la Tchécoslovaquie va se dissoudre et donné naissance à la République Tchèque et à la Slovaquie.
Départ vers la Lazio pour le milieu Tchèque
Fort de ses 4 années dans la cour des grands, Pavel Nedved part exporter ses talents en Italie à la Lazio de Rome qui sort d’une saison 96 correct avec une troisième place accrochée in extremis derrière le Milan et la Juventus.
Malgré une bonne première saison sur le plan personnel – jamais facile quand on débarque dans un nouveau pays et qui plus est dans le meilleur championnat de l’époque – La Lazio ne fait pas mieux en championnat en finissant 4ème et ne remporte aucun trophée majeur.
Nedved lui en profite pour inscrire 10 buts en un peu moins de 40 matchs, dont un premier sublime contre Cagliari, fin octobre 1996. La saison qui suit le groupe romain désormais coachée par Sven-Goran Eriksson va s’effondrer en championnat.
Début avril contre la Juve après un run fabuleux de 24 matches sans défaite gâchée par une fin d’exercice peu glorieuse qui repoussera La Lazio à la 7ème place seulement.
Mais le milieu Tchèque brille avec 15 buts sur la saison ce qui fait de lui le meilleur buteur romain de la saison. La Lazio va dérouler son football sur la scène européenne en parvenant jusqu’en finale de coupe UEFA après avoir sorti Auxerre en quart de finale puis l’Atletico en demie
Sèchement battu par l’Inter et son phénomène Ronaldo tout bonnement intraitable en finale, La Lazio va se consoler avec la 2ème Coupe d’Italie de son histoire remportée face à l’AC Milan de Paolo Maldini.
Moins en vue sur le plan statistique la saison qui suit Pavel Nedved reste toujours aussi précieux dans un milieu à quatre composées de l’italien Roberto Mancini, de l’argentin Matias Almeyda, et du serbe Dejan Stankovic,
La Lazio monte gentiment en puissance et va remporter la dernière édition de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes en 1999 en battant Majorque 2 buts à 1 grâce notamment à un but de Pavel en fin de match.
Le club a également décroché une très belle deuxième place au championnat, à un point seulement du Milan AC. Ceci nous amène à la saison 1999/2000, une année bien particulière pour La Lazio de Rome.
P. Nedved, une star parmi les stars en Serie A
Cette année là l‘effectif des biancocelesti toujours entraîné par le Suédois Eriksson a fière allure, pas moins de 22 internationaux portent les couleurs ciel et blanc.
Alessandro Nesta dicte sa loi dans les airs et les contacts, pendant que Mihajlović le serbe s’occupe des coups de pied arrêté (l’une des grandes armes offensives de l’équipe). Au milieu de terrain, la combativité de l’argentin Juan Sebastian Veron se mêle au QI tactique impressionnant de joueurs devenus par la suite entraîneurs tels que Siego Simeone, Sergio Conceiçao et Matias Almeyda, la qualité technique de Nedved, la vision du jeu de Stankovic et l’expérience du vétéran Mancini.
Cette année là, le championnat de Serie A compte de nombreuses stars dans tous les grands clubs italiens. Parmi eux, l’Inter d’un Ronaldo blessé, compense avec Baggio, Recoba ou Zanetti, la Juve de Zidane, Del Piero, Inzaghi et les monstres du Milan AC comme Maldini, Shevchenko, Bierhoff ou les jaunes et bleu de Parme avec Crespo, Bouffonne, Cannavaro et Thuram, mais aussi la Fiorentina porté par son intraitable buteur Batistuta et La Roma de Cafu et Montella, il y en a pour tous les goûts et il y a de quoi avoir des étoiles dans les yeux.
La folle saison 1999-2000 de la Lazio
En réalité la lutte pour le titre va se jouer uniquement entre la Juventus et la Lazio. Le suspense restera total jusqu’à la dernière journée entre une équipe romaine deuxième meilleure attaque du championnat et la muraille bianconeri, meilleure défense avec seulement 20 buts encaissés sur l’ensemble de la saison.
Lors de l’ultime journée la Lazio possède deux points de retard sur la Juventus et n’a donc pas son destin entre les mains. Elle espère donc une défaite de la Vieille Dame face à Pérouse pour être sacré champion d’Italie.
La Lazio s’envole vers une victoire 3-0 avec un ultime but de Simeone en seconde mi temps. Le match à Pérouse est arrêté à cause de la pluie et les romains sont forcés de suivre la fin du match à la radio et sur le petit écran.
Le scénario est totalement dingue et va basculer dans la folie après un but sur une magnifique volée face à une défense turinoise impuissante et un Edwin van der Sar qui restera cloué sur sa ligne. Le score ne bougera plus et la Lazio de Pavel Nedved décroche le deuxième Scudetto de son histoire au nez et à la barbe de turinois qui auront craqué face à la pression et à la tournure d’un match chaotique.
Quatre jours plus tard, le 18 mai 2000 les biancocelesti ont de nouveau rendez vous avec leur histoire en finale de la Coupe d’Italie 2000 en quête d’un magnifique doublé.
Après une victoire 2 à 1 à domicile face à l’Inter un mois plus tôt, au match retour la Lazio va résister aux assauts de l’Inter pour arracher un nul 0 à 0 et remporter le trophée. Cette année sera la plus belle de l’histoire du club romain. Ce sera le dernier fait d’armes de Nedved avec la Lazio qu’il quittera définitivement en 2001 après le départ de plusieurs cadres de l’équipe et de son coach.
Nedved le digne successeur de Zidane à la Juventus
Toujours attaché à l’Italie, Pavel fera le choix de rejoindre la Juventus de Turin pour près de 40 millions d’euros, malgré des appels du pied de Manchester United et de Chelsea.
Dans la quête d’un remplaçant de Zizou tout juste vendu au Real. Nedved est en difficulté en début de saison et pris en grippe par les médias de l’époque qui n’hésite pas à remettre en cause le montant élevé de son transfert. Mais le tchèque ne va pas se laisser abattre et va fortement contribué à la fin de saison magnifique des bianconeri, en inscrivant, par exemple un but crucial à trois journées de la fin.
Championne d’Italie en 2002, juste devant la Roma et l’Inter, la Juventus va reporter un deuxième scudetto de suite en 2003 avec un Pavel Nedved étincelant. L’ange blond Nedved va réaliser cette année là, la plus belle saison de sa carrière en Italie.
Avec quasiment 10 buts inscrits, c’est sur la scène européenne que Pavel va éblouir le vieux continent tout entier en portant la Juventus jusqu’en finale de la Ligue des Champions. Buteur décisif contre le Deportivo en phase de poule, contre le Barça en quart de finale puis contre le Real en demi finale grâce à une magnifique reprise de volée. Malheureusement il sera privé de la finale à cause d’un carton jaune reçu face au Real.
Lors de la finale de LDC, la Juventus n’arrivera pas à développer son jeu en l’absence de son maestro. La Vieille Dame perd aux tirs au but contre le Milan AC de Paolo Maldini qui entre déjà dans l’histoire.
Ballon d’Or 2003 pour couronné Nedved, le joueur à tout faire
Quelques mois plus tard, Pavel Nedved recevra le plus beau des cadeaux d’un point de vue personnel en se voyant décerner le Ballon d’Or.
Du haut de son mètre soixante dix sept, Pavel est un milieu qui avale les kilomètres, ratisse le milieu de terrain et qui se démarque par son agressivité et sa combativité parfois débordante.
Nedved possède également une qualité rare, il est ambidextre ce qui lui permet de jouer des deux pieds. Son équilibre et son placement offensives toujours très juste lui permettent de gratter des buts de pur numéro neuf ou de gonfler ses stats à coups de grosses frappes et de reprise de volée bien sèche.
Doté d’une détente plus que correct il aussi est capable d’aller chercher un ballon dans les airs sur un centre ou un coup de pied arrêté, lui qui est d’ailleurs tout à fait capable d’enquiller deux trois coups francs quand l’envi lui vient.
Le n°10 tchèque n’est pas un joueur aussi élégant que Zidane ou Figo, mais il reste un atout essentiel, une pièce offensive clé de chacune de équipes avec lesquelles il a pu évoluer.
Suite à son ballon d’or, il a continué de jouer un rôle important dans le jeu turinois, permettant notamment à Trezeguet, Del Piero ou Ibrahimovic le géant suédois de s’exprimer devant lui. Nedved est repositionné sur l’aile gauche, comme à l’époque de la Lazio. Il va connaître deux nouveaux titres de champion d’Italie en 2005 et 2006, avant que n’éclate le scandale des matches truqués du calciopoli.
Suite à cela, la Juventus de Nedved sera reléguée pour la première fois de son histoire en Serie B. Nedved choisi de rester malgré tout fidèle au club qui retrouvera l’élite l’année suivante sous les ordres de Didier Deschamps.
Toujours titulaire, Nedved jouera deux saisons de plus avant de raccrocher définitivement les crampons fin 2009. A 36 ans, après plus de 750 matchs cent soixante cinq buts et 114 passes décisives.
Surnommée la furie tchèque (La Furia Ceca), Pavel Nedved à trimballer sa chevelure blonde à travers l’Italie et l’Europe pendant 18 saisons. Sa polyvalence rare lui permettait de tout faire offensivement, d’enchaîner rapidement dans la surface, de se créer lui même une action, et de finir en force grâce à sa qualité de frappe époustouflante.
Son premier coach à la Lazio disait que personne ne pouvait lire le jeu aussi bien que lui et que sa capacité à être toujours bien placé, couplé à son endurance marathonienne, faisait de lui une menace permanente pour les défenses adverses.
Nedved, prodige de la sélection Tchèque et symbole de tout un pays
Pavel Nedved a aussi porté la sélection tchèque en demi finale de l’Euro 2004. Il va également permettre à tout un pays d’accéder pour la première fois de son histoire à une phase finale de Coupe du monde en 2006 en Allemagne.
Malgré une élimination, suite à deux défaites contre le Ghana et l’Italie, Nedved et ses coéquipiers ont porté fièrement les couleurs d’un pays dont l’histoire récente ne demande qu’à être écrite. C’est finalement logique d’affirmer que le prodige Nedved a été une figure du football européen pendant une grosse décennie, à mi chemin entre des années 90 et 2000.
Ultra compétitif, intelligent apprécié par beaucoup et toujours l’un des symboles de la réussite par le travail et les efforts. Pavel Nedved a toujours excellé, à Prague puis à la Lazio, avant de filer à la Juventus pour remplacer l’irremplaçable et devenir plus que jamais d’un des meilleurs joueurs de l’histoire de son pays.