Atteinte physique à l’encontre de joueurs, bagarres, envahissement de terrain. La rencontre entre l’OGC Nice et l’OM a montré une face sombre du football, l’une des plus condamnables.
L’épilogue de la troisième journée du championnat de France 2021/22 entre l’OGC Nice et l’Olympique de Marseille restera longtemps dans les mémoires, malheureusement pas pour les bonnes raisons.
On vous l’accorde, le titre de cet article ne sonne pas des plus sérieux, mais pour parler d’idiots, il faut parfois savoir se mettre à leur place. Et comme le disait Henri-Frédéric Amiel : “Chez l’idiot la sottise naturelle coule à pleins bords.”
On joue la 75ème minute d’un derby du sud qui, jusqu’au corner de Dimitri Payet, se déroule encore dans des conditions tout à fait acceptables à la vue de l’importance d’un tel match. Niçois et Marseillais proposent un spectacle intéressant, festival de gestes techniques et d’arrêts de gardiens, qui tourne à ce moment à l’avantage des Aiglons, mis sur orbite par Kasper Dolberg dès le retour des vestiaires (1-0, 49è). C’est alors que tout bascule, le natif de Saint-Pierre recevant une bouteille pleine le touchant à la tête alors qu’il s’apprêtait à tirer un coup de pied de coin. La goutte d’eau faisant déborder un vase déjà bien rempli.
Agression et légitime défense
Agression (nom féminin – “Attaque d’ordre psychologique ou physiologique due à l’environnement.”) et légitime défense (“La légitime défense s’applique lorsqu’une personne commet un acte de défense justifié en cas d’agression. Elle permet que la personne ne soit pas condamnée en justice pour cet acte qui est normalement puni par la loi.”) : deux termes qu’il nous a paru bon de définir dans le contexte de cette soirée dominicale. Car oui, dans cette histoire il faut le dire, Dimitri Payet est une victime, pas un provocateur.
Cible de jets de bouteilles tout au long de la seconde période, le joueur de l’Olympique de Marseille a fini par exploser, renvoyant un projectile reçu à qui l’avait lancé. Et comment l’en blâmer ? Avant d’être un sportif dont l’exemplarité est demandée, il n’en demeure pas moins un Homme, en dépit de ses défauts.
Avec des “si”
Le “si” aurait pu être le maître-mot en cas de reprise de la rencontre (la partie a repris, plus officieusement qu’officiellement, en dépit de la règle). “Si” le match avait reprit, Payet, victime, aurait logiquement du être exclu pour avoir répondu aux supporters niçois. “Si” le match avait reprit, Alvaro l’aurait certainement été également, lui qui, pour apaiser la situation, a trouvé intelligent d’envoyer une puissante frappe de balle dans la tribune populaire sud. “Si”, dans le temps qu’il restait à jouer, Marseille était parvenu à égaliser, que se serait-il passé ? “Si” le calme était revenu, qui aurait écopé de sanctions parmi les joueurs et les staffs, certains loin d’être si innocents qu’ils voudraient nous le faire croire, pour que la rencontre puisse aller à son terme ? Tant de questions qui resteront, pour le moment et heureusement, en suspend.
Avec des “si”, on refait le monde mais avec des “si”, on évite aussi l’immonde.
Responsabilités et décisions
Une autre interrogation des plus délicates se pose désormais (outre celle sur les différentes sanctions qui seront attribuées) : quelle décision sera prise quant à la finalité de la rencontre ? Si l’on s’en tient rigoureusement à la règle, les joueurs de l’Olympique de Marseille, ayant refusé (pour des raisons évidentes) de revenir sur la pelouse pour disputer le quart d’heure restant, devraient être sanctionnés d’une défaite sur tapis vert (3-0). Irrecevable votre Honneur ! Alors quoi ? Les Phocéens pourraient se voir attribuer la victoire sur le même mode, alors qu’ils étaient menés et que la responsabilité des actes de quelques individus semble difficilement pouvoir être incombée aux joueurs niçois. Ces derniers pourraient, et à raison, se sentir floués.
En partant de ce constat, la moins mauvaise des solutions (et certainement la plus compréhensible) semble encore être celle de rejouer le match. Mais bonjour l’organisation. En tout cas, quelle que soit l’issue du prochaine conseil de la Ligue, bon courage aux décisionnaires pour ne léser personne. La tâche s’annonce ardue.
“Un derby, ça ne se joue pas, ça se gagne.” C’est pourtant peu dire qu’au terme d’une soirée extraordinaire (dans son sens le plus strict désignant le fait de sortir de l’ordinaire), tout le monde en ressort perdant.