“Le coup de génie de Benzema a brisé notre rêve.” – Gabi, numéro 14 des rojiblancos, après la rencontre
Atlético vs Real Madrid derby madrilène 10 mai 2017
Au terme d’une douce journée printanière, après avoir profité du célèbre paseo de fin d’après-midi et d’une séance de tapeo, Madrid fourmille. Ce mercredi 10 mai 2017 à 21 heures, l’Atletico Madrid reçoit son frère rival, le Real Madrid, en demi-finale retour de Ligue des Champions dans son antre de l’Estadio Vicente Calderón. Cette rencontre, d’une importance capitale sur le plan sportif l’est également sur celui de l’émotion. 51 ans après son inauguration, la mythique enceinte des “Matelassiers” tire sa révérence européenne. Malgré la lourde défaite du match aller (3-0), 53.422 supporters rouges et blancs se bousculent dans les coursives du futur-ex stade madrilène.
21:00:00. L’arbitre turc Cüneyt Cakir siffle le coup d’envoi d’une soirée qui s’annonce éternelle. Dans une ambiance électrique, les locaux se prennent à rêver d’un improbable exploit après l’ouverture du score de Saul Niguez dès la 10ème minute suivie, 6 minutes plus tard, du but du break réalisé par l’international français Antoine Griezmann. La Casa Blanca s’effrite, la température atteint des sommets inégalés et tous les indios, comme un seul homme, poussent leur équipe à réaliser l’impossible. Le temps passant, la première période arrive à son terme.
C’est ce moment que choisit alors Karim Benzema pour rafraîchir le cratère vrombissant du Calderón.
41 minutes et 5 secondes, Cristiano Ronaldo se charge d’une touche à trente mètres du but gardé par le gardien slovène Jan Oblak. Un ballon dans la profondeur adressé à l’international français, esseulé sur le flanc gauche et faisant face à une défense réputée comme étant l’une des plus solides d’Europe. Contenu par Stefan Savic, le joueur formé à Lyon joue de son corps pour se retourner et se remettre dans le sens du jeu. Flirtant alors avec la ligne de sortie de but, trois joueurs (Savic, Godin, Gimenez) se ruent sur lui. La prise d’information puis l’éclair. Double-contact, droite, gauche, dans un espace réduit.
On passe finalement plus de temps à lire la description de ce geste qu’il n’en a fallu pour l’exécuter. Trop tard, le mal est fait et les trois défenseurs colchoneros assistent, impuissants, à la réduction du score d’Isco, ayant bien suivi la frappe de Toni Kroos repoussée par le gardien de l’Atletico.
Les têtes embrumées, les hommes de Diego Simeone ne s’en relèveront pas et seront éliminés par leur frère ennemi, futur vainqueur de la compétition. C’est ainsi que cette soirée prit racine dans les mémoires comme celle où le football, dans ce qu’il a de plus pur, permit au temps de prendre son temps.