Une icône du football mondial dans les années 1990, l’attaquant brésilien Romário surnommé « o baixinho » avait une explosivité extraordinaire et une personnalité attachante, tant sur le terrain qu’en dehors. Petit par sa taille, mais grand par ses prouesses footballistiques, retour sur l’histoire de la légende brésilienne : Romario.
Attaquant et buteur redoutable
Balle au pied – surtout s’il se trouvait aux abords de la surface – Romário était un maître absolu. Doté d’une vitesse fulgurante sur les petites distances, d’une capacité déconcertante à sentir les bons coups et d’une efficacité clinique pour concrétiser les occasions, le brésilien était un joueur d’un talent sans égal à cette époque.
Né et élevé dans l’une des plus grandes favelas de Rio de Janeiro, Romário a reçu une éducation modeste qui a fait de lui une figure attachante et adulée du peuple brésilien. Lorsqu’il a marqué le 1000 ème but de sa carrière – un penalty pour Vasco de Gama en octobre 2007 – le match a été interrompu pendant une demi-heure pour permettre au légendaire buteur de célébrer son exploit avec le public.
Si on ne tient pas compte des buts inscrits en équipe de jeunes et en match amical, le nombre total de but est un peu plus bas, la FIFA a reconnu officiellement 929 buts pour Romario. Les supporters présents dans le stade Sao Januario de Vasco ce jour célébraient la carrière de leur héros dans son ensemble ; finalement le nombre de buts importait peu.
Mais également amoureux de la fête et du carnaval
En dehors du terrain de football, la passion de Romário pour les buts était presque égale à son désir de prendre du bon temps. Qu’il s’agisse de faire la fête dans les boîtes de nuit, de courtiser les femmes ou de faire ce qu’un sportif professionnel de haut niveau ne devrait pas faire, le brésilien bien connu pour son esprit festif.
Une histoire célèbre raconte que lorsqu’il jouait pour le FC Barcelone, Romário a demandé à son entraîneur Johan Cruyff deux jours de congé afin de pouvoir assister au carnaval de Rio. Ne laissant jamais passer l’occasion d’essayer que ses joueurs se surpassent, Cruyff a sauté sur l’occasion pour lancer un défi à Romario : “Si tu marques deux buts demain, je te donne deux jours de repos supplémentaires par rapport aux autres joueurs”.
Lors du match le lendemain, Romário a marqué son deuxième but après 20 minutes de jeu en faisant immédiatement un geste à son coach pour lui demander de partir. “Coach, mon avion part dans une heure”. Cruyff a avoué plus tard que pour tenir sa promesse, il n’avait pas eu d’autre choix que de laisser partir Romário. Ce jour-là, Romário a inscrit un triplé lors d’une victoire 5-0. L’adversaire ? Nul autre que le Real Madrid, son rival le plus sérieux en Liga (championnat d’Espagne).
Un but mémorable contre Madrid lors du clasico 93/94
Le premier but de son triplé lors du clásico est peut-être celui dont Romário se souvient le mieux. Récupérant le ballon dos au but à 20 mètres, le petit attaquant brésilien fait un demi-tour de 180 degrés tout en gardant le ballon collé à son pied. En un clin d’œil, Romário a mystifié son défenseur et s’est retrouvé face au but. Le résultat est alors inévitable : une frappe du bout du pied qui ne laisse aucune chance au gardien d’empêcher Romário d’inscrire son nom au tableau d’affichage.
Du Brésil au FC Barcelone en passant par le PSV
Romário a fait ses débuts pour Vasco en 1985. Après avoir marqué 80 buts en 141 matchs pour le Gigante da Colina dans le championnat brésilien, il rejoint le PSV Eindhoven de Guus Hiddink en 1988. Les qualités brutes que Romário avait aiguisées dans les rues de la favela ont été polies et perfectionnées aux Pays-Bas.
Lors de la coupe du monde 1994, en tant que mentor de la futur superstar brésilienne, Romário a conseillé au jeune Ronaldo Nazario de suivre le même chemin que lui en signant au PSV.
Pendant son séjour à Eindhoven, Romário a compilé un incroyable record de 165 buts en 168 matchs, aidant les Rood-witten à remporter trois titres d’Eredivisie et deux Coupes KNVB, ce qui a fait de l’attaquant brésilien l’un des meilleurs buteurs de la planète.
En 1993, il rejoint l’un des clubs les plus prestigieux d’Europe. À l’époque, sous la direction de Cruyff, le FC Barcelone est champion d’Espagne à peine un an après avoir remporté sa première Coupe d’Europe.
Apogée de Romario avec la Dream Team du FC Barcelone
La “Dream Team” de Cruyff comptait déjà des talents tels que Michael Laudrup, Pep Guardiola et José Mari Bakero, mais c’est en la personne du Bulgare Hristo Stoichkov que Romário a trouvé un coéquipier parfait. Les deux hommes forment le duo d’attaque le plus dévastateur du continent, et les 32 buts de Romário en 47 matches permettent au Barça de remporter son quatrième titre consécutif en Liga et de disputer la finale de la Coupe d’Europe, où il s’incline face au Milan AC de Fabio Capello.
La saison suivante, la “Dream Team” commence à s’essouffler, après une embrouille avec Cruyff, Romário retourne au Brésil pour jouer au Flamengo.
Une carrière pleins de rebondissements
Les buts continuent d’affluer : au cours des quatre années suivantes, Romário marque 184 fois en 163 matches pour le Rubro-Negro. Seules deux échecs de retour en Espagne viennent ternir le tableau, jusqu’à ce que Romário décide qu’il est préférable de se préparer dans son pays pour la Coupe du monde 98.
Romário a terminé sa carrière en rebondissant dans plusieurs clubs brésiliens – trois autres passages à Vasco – ainsi que de courts séjours au Qatar, aux États-Unis et en Australie. Il a peut-être été un peu nomade tout au long de sa carrière en club, mais aucun joueur ne s’est autant dévoué à son équipe nationale que Romário avec la sélection du Brésil.
Un buteur pleinement dévoué à son pays
Au cours de ses 13 années de carrière internationale, Romário a accumulé 70 sélections et marqué 50 buts, ce qui fait de lui le troisième meilleur buteur de l’histoire du Brésil, avec un ratio buts/matchs qui n’est dépassé que par Pelé et Ademir.
Romário a connu son heure de gloire sur la scène internationale lors de la victoire du Brésil en Coupe du monde 1994 aux États-Unis. Le joueur de Barcelone a marqué cinq buts et a été nommé meilleur joueur du tournoi pour sa participation à la quatrième Coupe du monde de son pays. Il a également été sacré joueur mondial de l’année en 1994, après avoir été finaliste l’année précédente.
Il manquera cependant les deux Coupes du Monde suivantes : un scanner révèle une blessure musculaire qui l’empêche de faire partie de la Seleção pour France 98, et au Japon et en Corée du Sud 2002 – malgré sa grande forme avec Vasco, le joueur de 36 ans ne fait pas partie de la sélection des 23 de Luiz Felipe Scolari.
Après avoir raccroché les crampons, Romário a transformé son statut d’homme du peuple en une carrière politique. À l’approche de la Coupe du monde 2014 au Brésil, Romário a ouvertement critiqué le gouvernement pour avoir déversé des fonds dans l’organisation du tournoi tout en négligeant les secteurs de la santé publique et de l’éducation du pays. “Je n’ai jamais pensé que la Coupe du monde résoudrait tous nos problèmes, mais maintenant ma crainte est que cet événement ne fasse qu’approfondir les problèmes que nous avons déjà”, a-t-il déclaré en 2013.
L’année suivante, Romário a été élu au sénat brésilien, obtenant un nombre record de voix pour un candidat de Rio de Janeiro. Si Romário affecte positivement la vie d’un dixième de personnes en tant qu’homme politique, comme il l’a fait pendant sa carrière de footballeur, il s’en sortira très bien.
Romario : incontestablement dans le rang des buteurs de légende
Au Brésil, le joueur vedette incarne tout l’esprit du joga bonito si cher aux brésiliens. Diego Maradona a décrit Romário comme l’un des deux meilleurs joueurs qu’il n’ait jamais vus – avec Marco Van Basten et Johann Cruyff. L’argentin désigne Romario comme un “génie de la surface de réparation”.
Finalement, c’est le principal intéressé qui résume le mieux la situation : “Il n’y avait qu’un seul Pelé, un seul Maradona, et il n’y aura qu’un seul Romário ». Comme Romario le dit lui-même “dans la surface de réparation, je me considère comme le meilleur de tous les temps”. Pas de place au débat pour ce buteur légendaire.