Apprendre à jouer avec les méthodes d’entrainement du PSG, mais sous le soleil de Rio de Janeiro, c’est possible. Les unités “Paris Saint-Germain Academy” poussent comme des petits pains au Brésil, renforçant ainsi l’image de marque du club au pays du ballon rond et de la samba.
Il existe des endroits où jouer au football est un peu plus agréable que d’autres. C’est le cas de ces terrains de five, à Botafogo, au centre de Rio de Janeiro. A droite, on voit le Christ Rédempteur, perché sur la colline du Corcovado, à gauche le Pain de Sucre et son téléphérique. Ici, plusieurs centaines de jeunes Brésiliens de 4 à 17 ans s’entrainent chaque semaine, une ou deux fois selon le prix qu’ils paient. Ici, en 2014, a ouvert la première Paris Saint-Germain Academy du Brésil.
A deux pas de la plage de Botafogo, dans un paysage de carte postale, on devine le lieu dessiné pour attirer les familles avec du pouvoir d’achat.
Le directeur général de l’académie, passionné de foot, Olivier Bertuel s’est inspiré de la mode des five en France, en juillet 2013, pour créer la même chose au Brésil (avec ses associés, François Marot et Sidney Bovy). Six mois plus tard, le projet So 5 s’associe avec le PSG pour ouvrir la toute première Paris Saint-Germain Academy.
L’académie de foot n° 1 au Brésil
Parmi les outils proposés, le programme d’entrainement est strict concernant la qualité. La méthode est la même qu’au centre de formation du PSG.
Au bord du terrain, sifflet autour du cou, Leandro Magalhaes coordonne les entraineurs du centre de Botafogo et doit donc mettre en pratique, à plus de 9000 kilomètres de Saint-Germain-en-Laye, des séances d’entrainement similaires à celles qui sont proposées aux jeunes du centre de formation du “vrai” Paris Saint-Germain.
De vrais ambitions au-delà du football ?
La priorité est de former des Hommes : “On essaie de former au-delà du football, bien sûr on veut que ces jeunes soient des athlètes intelligents, mais aussi qu’ils deviennent de grands citoyens, des bonnes personnes.” Ça passe évidemment par beaucoup de communication entre les entraîneurs, mais aussi avec les jeunes, que ce soit sur le terrain ou en dehors.
Cette méthode est loin d’être fixe, elle évolue tout le temps : deux à trois fois par an, le directeur technique national des Paris Saint-Germain Academy se rend en France, pour s’actualiser auprès des équipes du PSG. En plus de cela, de nombreuses réunions ont lieu en visioconférence.
Les équipes d’entraineurs doivent ensuite appliquer ces lignes directrices assez pointues. Le plus difficile, est de trouver les entraîneurs qui seront capables d’adapter ces méthodes à des enfants qui ne viennent là qu’une ou deux fois par semaine. En effet, prendre le programme d’entrainement du centre de formation du PSG et l’appliquer bêtement au Brésil ne peut pas suffir. La qualité de l’enseignement doit donc toujours être optimale tout en satisfaisant les parents et les enfants.
Une Académie PSG dédiée aux familles Brésilliens aisées
Au-delà des entraînements, la plupart des académies du PSG ont des équipes de compétition et participent à des tournois le week-end. Le prix au Brésil est situé entre 30 et 55 euros par mois, ce qui est énorme pour une famille brésilienne classique : ce sont des enfants de milieux aisés qui fréquentent les Academy PSG. Le credo, c’est que la marque soit synonyme de qualité : d’où le choix du lieu, les infrastructures impeccables, les équipements aux couleurs du club fournis aux enfants.
Et tout ça fonctionne : ce premier trimestre 2022, le nombre d’unités Paris Saint-Germain Academy passe de 21 à 36 au Brésil, la marque est maintenant présente dans presque tous les États du pays. Au total, plus de 7000 jeunes Brésiliens s’entraînent avec un équipement PSG et des méthodes venues de France. Aujourd’hui, plus de 90% du chiffre d’affaires d’Olivier Bertuel est engendré par les Paris Saint-Germain Academy, très peu par le projet initial de So 5.
Pourquoi la Paris Saint-Germain Academy fonctionne si bien au Brésil ?
Il faut savoir qu’au Brésil, ces écoles sont presque le seul moyen pour les jeunes de pratiquer un football encadré : les petits clubs de quartier, de village n’existent pas ou peu. En clair, soit vous apprenez à jouer dans la rue, sur les petits terrains de quartier, soit vous choisissez le futsal, moins cher, soit vous payez une école de foot, plus chère.
Le plus grand réseau, au Brésil, est celui du Flamengo, club basé à Rio de Janeiro et équipe la plus populaire du pays : on voit des maillots partout dans la ville, avec ces grosses bandes rouges et noires. Les clubs étrangers ont essayé de percer aussi, on trouve des écoles aux couleurs du Barça, du Real, mais généralement la qualité ne suit pas le prix, estime Olivier Bertuel.
Après avoir étudié comment fonctionnaient les autres, il était persuadé qu’avec une offre de qualité, la concurrence serait dépassée. C’est chose faite, et largement : en nombre d’élèves, la marque Paris Saint-Germain Academy est en tête des écoles de foot de clubs étrangers. En chiffre d’affaires, elle est première tout court, devant même le mastodonte du Flamengo.
Neymar comme modèle pour la jeune génération Brésilienne
À la sortie de l’entraînement, les enfants sont tous vêtus de chasubles à l’effigie de la Paris Saint-Germain Academy, short blanc, maillot et chaussettes bleus, écusson. Sur le muret qui délimite le terrain de five, il est inscrit : “Paris do Brasil”.
Pour la majorité des très jeunes qui sont ici, Paris rime avec Neymar. Son arrivée dans la capitale française a fait exploser la popularité du PSG au Brésil, les ventes de maillots, mais aussi les inscriptions dans les Paris Saint-Germain Academy.
Leur rêve n’est pas seulement de devenir footballeur, mais spécifiquement de devenir joueur professionnel du Paris Saint-Germain.
Dans les rues de Rio de Janeiro, d’ailleurs, la marque PSG est probablement la plus présente des clubs étrangers, une des plus présentes tout court. Qu’ils soient officiels ou de contrefaçon, il est courant de croiser un maillot aux couleurs du club de la capitale française, une casquette ou simplement un tee-shirt floqué. Plus il y a de joueurs brésiliens dans un club, plus le peuple brésilien aime ce club.
Brésil et PSG un lien d’amour loin d’être récent
Il y a toujours eu une relation particulière entre le Brésil et le PSG, depuis l’époque de Raí, ou du magicien Ronaldinho, mais évidemment quand Neymar a signé, cela a créé un boom dans le pays.
Ce système d’académies de foot a été créé pour engendrer de l’argent, mais il sert aussi l’image de la marque dans l’esprit des supporters car tous les élèves sont potentiellement des consommateurs PSG, mais imaginez qu’un seul arrive au très haut niveau, qu’il devienne un crack. Au moment de choisir entre le Real et Paris, peut-être que le fait d’être passé par ici jouera sur sa décision.
Bien que l’objectif premier soit financier, le succès de l’opération Paris Saint-Germain Academy au Brésil peut se mesurer autrement.