Alors que l’AS Monaco reçoit ce mardi le Chakhtar Donetsk en barrage aller de Ligue des Champions, coup de projecteur sur l’entraîneur du club ukrainien, Roberto De Zerbi, apôtre du beau et du plaisir.
Roberto avant De Zerbi
Joueur ayant passé la majorité de sa carrière a côtoyer les pelouses transalpines (mises à part deux années au CFR Cluj en Roumanie), il devient ensuite entraîneur. Sa première expérience remonte à 2013 avec le club de l’US Darfo Boario (Serie D) qu’il quitte ensuite pour prendre les rênes du Foggia Calcio (Serie C), avec lequel il remporte une Coupe d’Italie de Serie C.
Il réalise ensuite le grand saut en étant nommé à la tête de Palerme en 2016 et découvre ainsi la Serie A. Malheureusement, il est limogé suite à de mauvais résultats (10 défaites en 13 rencontres) mais retrouve rapidement un banc, celui de Benevento (2017-2018), tout jeune promu dans l’élite du football italien. Un nouveau défi se présente à lui, et quel défi ! Après 11 matchs, les Stregoni (Les sorciers) n’avaient pas récolté le moindre point et n’étaient parvenus qu’à inscrire 4 petits buts, une première dans l’Histoire de la Serie A. Malgré quelques sursauts, les jaunes et rouges avaient logiquement été relégué et De Zerbi s’engageait ensuite à Sassuolo, club qu’il a magnifié entre 2018 et 2021. Aujourd’hui au Chakthar Donetsh, le natif de Brescia entend bien suivre sa ligne footballistique dans un club habitué aux grands rendez-vous.
L’idée du beau
Albert Jacquard, biologiste français, a un jour dit qu”être heureux, c’est se savoir beau dans le regard des autres.” Bien que le type de beauté reste encore à définir, celle de l’entraîneur italien du Chakhtar Donetsk est inhérente au jeu. Comme De Zerbi l’affirme lui-même, “Pour moi, le résultat n’est pas important. Ce qui l’est, c’est de voir comment on arrive à ce résultat.” Dans un monde où de bien plus grands intérêts que le football priment, l’entraîneur de 42 ans demeure un romantique.
Alors que le football italien est plutôt coutumier de la culture “catenaccio“, Roberto est tout de même parvenu à se faire remarquer par l’audace de son jeu. Mais alors qu’est-ce que le “De Zerbismo” ?
Et bien, peu importe les clubs dans lesquels il a exercé (idem aujourd’hui au Chaktar), l’italien a son idée du football : une construction du jeu qui part du gardien et qui implique tous les joueurs (utilisant des passes courtes difficilement intercéptables, un jeu au sol, des triangles dans lesquels circule le ballon à la manière d’un “toro” et bien sur des buts. Si vous demandez à un enfant ce qu’il entend par le mot “jeu”, il vous répondra certainement que c’est de l’amusement et du plaisir… De Zerbi vous répétera la même chose.
Parfois critiqué pour la non-assurance de ses équipes sur l’aspect défensif (Sassuolo a terminé la saison dernière avec la 8ème plus mauvaise défense de Serie A avec 56 buts encaissés), il n’en reste pas moins que les neroverde ont joué, au plus grand bonheur de leur coach.
Le 10, élément clé du système
Dans une interview accordée à RMC, le coach italien explique l’obligation d’aligner un 10 (si ce n’est plus) dans son système de jeu. Pour lui, le 10 n’est pas un profil mais plutôt une animation. C’est ainsi que dans son esprit, différents types de joueurs peuvent évoluer comme des numéros 10, ou du moins comme il intègre ce poste à son plan de jeu. À Sassuolo, Sensi, Lopez, Berardi ou encore Boga pouvaient occuper cette fonction, cette “imprévisibilité”. À Donetsk, Marlos, Tête, Alan Patrick ou encore Solomon disposent également des qualités nécessaires à l’accomplissement du “De Zerbi ball”. Le football est un jeu qui se joue avec les pieds, mais aussi avec la tête.