À seulement 20 ans, Orphé Bosau Nketa est un jeune joueur au parcours insolite. Espoir du RWD Molenbeek et ancien international u16 belge s’est confié dans nos colonnes.
« Peux-tu me parler du parcours qui t’as mené au football ?
J’ai commencé le football à l’âge de 5 ans au sein du club de ma ville, en Belgique. Souvent surclassé, je me suis mis à contacter de nombreux clubs professionnels dès l’âge de 12 ans. Grâce à ça, j’ai pu faire une détection avec le club de Lokeren, pensionnaire de première division belge, qui m’a ensuite ouvert ses portes.
Pendant les 4 années durant lesquelles j’y ai joué, j’ai également été appelé avec la sélection nationale – dans la catégorie u16. Mais, pendant un tournoi à Dubaï, je me suis malheureusement blessé à l’ischio et j’ai subi une opération qui m’a éloigné des terrains pendant près de 7 mois. Lorsque j’ai fais mon retour avec mon club, j’ai directement été intégré au groupe u21, bien que je jouais les matchs avec les u18.
Dans le même temps, j’ai dû me chercher une nouvelle équipe, du fait de la faillite de Lokeren, pas aidé par la pandémie de coronavirus. J’ai signé au Beerschot, puis me suis déchiré le quadriceps dans la foulée, ce qui m’a écarté quasiment toute la saison. Quand j’ai été rétabli, les dirigeants m’ont dit que je devais faire mes preuves si je souhaitais réussir, sachant que je revenais d’une longue absence.
Chose que j’ai réussi à faire, parvenant même à rallier l’équipe u21. Cependant, tout ne s’est pas bien passé avec mon coach de l’époque et j’ai pris la décision de quitter le club au début de l’année 2021 pour rejoindre le RWDM, où j’évolue actuellement.
« Ce n’est pas forcément le parcours auquel je m’attendais, mais c’est mon parcours. »
Tu fais tes premiers pas au sein de clubs communaux que sont le FC Zemst et Zellik, puis, en 2016, tu rejoins le KSC Lokeren. As-tu immédiatement senti les différents de niveau entre une structure professionnelle et d’autres plus modestes ?
Oui, il y avait une grande différence.
Déjà, en termes d’entraînements, j’avais beaucoup plus de séances qu’auparavant, tout en enchaînant les matchs le week-end. Il y a aussi eu les infrastructures, très différentes de ce à quoi j’étais habitué.
Mais ce qui m’a le plus frappé, c’est certainement l’aspect tactique. Dans les petits clubs, c’est une facette du jeu qui n’est pas forcément privilégiée, tu joues pour t’amuser. À Lokeren, j’ai beaucoup appris sur ce plan là, sur mon jeu avec et sans ballon, forcé de m’adapter au niveau d’adversaires comme Anderlecht.
Tu restes pendant 4 ans à Lokeren, mais, en 2020, le club connait la faillite. Au cours de la dernière année que tu y as passé, est-ce que les problèmes du club ont eu un impact sur l’aspect sportif ?
C’était effectivement plus compliqué, on avait moins d’entraînements, les coachs partaient. Les problèmes allaient plus loin que le seul aspect financier, les staffs avaient des problèmes entre eux.
Mais sur un plan personnel, ça n’a pas tant pesé que ça, en tout cas moins que ma blessure.
Depuis ton départ de Lokeren, tu as passé deux ans au Beerschot et tu évolues désormais au RWD Molenbeek. Comment jugerais-tu ta trajectoire jusqu’à maintenant ?
Absolument pas.
Quand j’avais 15-16 ans, j’ai eu des offres de clubs comme Zulte-Waregem, Malines ou Gand, pour lesquels j’étais prêt à signer.
Mais quand Lokeren a pris connaissance des velléités de la concurrence, le club a appelé mes parents, leur assurant que je serai le premier joueur à signer en professionnel si je parvenais à faire mes preuves. Mais alors que j’allais enfin signer mon contrat, les problèmes ont rattrapé Lokeren.
Ce n’est pas forcément le parcours auquel je m’attendais, mais c’est mon parcours.
À Molenbeek, tu fais partie de l’équipe u21 avec laquelle vous occupez actuellement la septième place du championnat. Si vous êtes plutôt performants à l’extérieur, vous rencontrez plus de difficultés à domicile. Quelles en sont selon toi les raisons ?
Selon moi, à l’extérieur on a plus envie de gagner car ce n’est jamais facile. On joue chaque lundi juste après l’école, on prend le car, ça nous soude.
Je pense que c’est peut-être lié à une question d’envie.
Quelles sont les spécificités du football belge en termes tactiques ?
Je différencie les Flamands des Wallons.
En Flandre, les joueurs sont habitués à beaucoup courir, les joueurs suivent vraiment ce que leur coach leur indique. En Wallonie, je pense qu’il y a plus de talents individuels et on se repose beaucoup plus sur eux.
Orphé Bosau Nketa au duel avec un joueur de Saint-Trond, le 27 février dernier.
Tu as commencé ta carrière en position d’attaquant, mais la poursuis plutôt dans un rôle de piston. Pourquoi ce changement ? De quand date-t-il ?
Lors de ma première saison à Lokeren, j’étais surclassé en Division 1 avec les u15 et est venu un moment où il manquait un arrière droit. J’ai convaincu le coach et j’ai occupé le poste jusqu’à la fin de la saison. Et l’année suivante, j’ai retrouvé mon rôle d’attaquant.
Au RWDM, l’entraîneur m’a immédiatement placé en tant que piston, me disant que ce serait bon pour moi en vue d’une promotion en équipe première. Il faut dire que l’équipe joue beaucoup en 3-5-2, même si j’ai également évolué comme arrière droit dans un 4-4-2.
Qu’est ce que ta formation offensive t’apportes de positif à ce poste ?
Vu que je jouais attaquant droit, je peux désormais venir de plus loin. Si le jeu est à gauche et qu’il bascule à droite, je trouve que j’ai plus de temps pour m’occuper de mon vis-à-vis.
Ma première année en tant que pur 9, dans une attaque à deux en u16, j’avais l’habitude de prendre la profondeur et de jouer plus axial. Ça m’apporte beaucoup aujourd’hui.
Y a-t-il des joueurs desquels tu t’inspires particulièrement ?
Quand j’étais plus jeune, je m’identifiais à un joueur comme Aubameyang, dans lequel je me reconnaissais au vu de sa vitesse de course.
Puis quand je suis devenu piston, j’ai commencé à vraiment regarder des joueurs comme Leroy Sané, Alejandro Baldé ou Alphonso Davies. J’ai aussi regardé de nombreuses vidéos de Michy Batshuayi, parce qu’il est belge et que j’apprécie sa technique, que je trouve spéciale.
Quel est le défaut de ton jeu que tu aimerais absolument effacer ?
J’aimerais m’améliorer défensivement.
Quand j’ai joué arrière droit, j’ai eu du mal à bien défendre. Si je n’avais pas de problèmes sur le plan offensif, j’en avais plus sur mes retours et les 1 contre 1.
Avant, j’étais plutôt habitué à le provoquer, quand aujourd’hui je dois l’appréhender.
Même dans les tacles, on m’a déjà dit que j’avais des gestes d’attaquant (rires). Personnellement, je préfère jouer dans une défense à 5.
À 20 ans, tu comptes plusieurs sélections avec les u16 belges et tu t’épanouis à un nouveau poste. Quelles sont tes ambitions pour le futur ?
Je suis plutôt réaliste, je prends les choses comme elles viennent. Mon premier objectif est déjà de signer pro avec mon club actuel et de jouer dans un championnat d’adulte, de sorte à ce que j’engrange de l’expérience.
C’est quelque chose que j’ai toujours souhaité et ce pourquoi j’ai travaillé. »