C’était le 18 août 1995, le Milan AC de Capello jouait contre la Juventus dans le cadre du trophée Berlusconi. Les joueurs sont sortis du tunnel puis Marco Van Basten les a rejoints dans un second temps. Le Néerlandais faisait ses adieux à San Siro et au football. Retour sur l’histoire de San Marco, la machine à buts du Milan AC.
Fin de carrière prématuré pour le buteur de légende du Milan AC
Après huit ans passés à Milan, l’attaquant âgé de 30 ans, a été contraint de prendre sa retraite en raison d’une série de blessures à répétition. Pour faire ses adieux, il est entré sur la pelouse avec ses anciens coéquipiers a serré la main de l’arbitre Pierluigi Collina et a salué la foule de San Siro. Le stade lui a répondu avec une acclamation d’applaudissements. Sur une banderole accrochée par les tifosi, on peut lire : “Grazie Marco per sempre Rossoneri” (“Merci Marco pour toujours Milanais”).
Tandis que Van Basten savoure l’adulation, Capello est bouleversé. L’Italien n’a pas pu s’empêcher de pleurer, applaudissant avant de se rasseoir sur le banc de touche et de lever discrètement la main pour essuyer ses larmes. Une injustice énorme, qu’un si grand joueur doive mettre fin à sa carrière si tôt.
Itinéraire de celui que l’on surnomme le cygne d’Utrecht
Né et élevé à Utrecht, Van Basten a commencé sa carrière de footballeur dans le club local de l’UVV, avant de passer à l’USV Elinkwijk. En 1981, alors qu’il n’a que 17 ans, il attire l’attention du géant néerlandais de l’Ajax. Rois du football en Europe tout au long des années 1970, le légendaire club d’Amsterdam voulait recruter le joueur et ils y parviendront.
Jeune footballeur précoce, Van Basten a toujours rêvé de participer à un tout autre sport. “Mon premier rêve de jeune garçon était d’être gymnaste”, a-t-il confié au Daily Telegraph en 2002. “Je pense que mon passé de gymnaste m’a beaucoup aidé pour mon agilité lorsque je me suis mis sérieusement au football.”
Il est certain qu’il était majestueux lorsqu’il jouait au football. En devenant un footballeur de classe mondiale, le jeune Van Basten a finalement un peu réalisé son rêve de gymnaste. De temps en temps, ses pulsions de gymnaste prenaient vie sous la forme d’une retournée acrobatique.
L’élève rejoins le maître à l’Ajax d’Amsterdam
En jouant pour l’Ajax sous la tutelle de Johan Cruyff, Marco Van Basten a pu accomplir un autre de ses rêves d’enfant.
Johan Cruyff et le “football total” ont régné en maître pendant toute la jeunesse de Van Basten. Bien qu’il n’ait que huit ans au moment de la troisième Coupe d’Europe de l’Ajax avec Cruyff en 1973, les principes de cette grande équipe sont profondément ancrés dans le football néerlandais. La conscience de l’espace, les déplacements intelligents et la fluidité du jeu étaient au cœur de la philosophie du football néerlandais et Van Basten n’a pas pu échapper à ses enseignements.
Marco Van Basten se réjouit de jouer pour Cruyff. Il s’était déjà imposé comme un excellent finisseur devant le but, mais sous l’influence de Cruyff, il explose et marque 80 buts en 72 matchs toutes compétitions confondues.
Reconnaissance sur la scène internationale avec les Oranje
La reconnaissance internationale arrive en 1983 sous la tutelle de l’architecte du “football total”, Rinus Michels, Van Basten va laisser son empreinte sur le jeu en faisant partie de la “génération 88” des Oranje lors du championnat d’Europe en Allemagne.
Après avoir commencé le tournoi sur le banc de touche, il voit les Pays-Bas s’incliner 1-0 face à l’Union soviétique. Le sélectionneur Michels le titularise pour le match suivant contre l’Angleterre. Le jeune buteur marquera un triplé pour assurer aux Pays-Bas une victoire 3-1. Puis, en demi-finale, Van Basten obtient le penalty qui permet aux Pays-Bas d’égaliser contre l’Allemagne, avant de se glisser dans la surface pour marquer le but de la victoire à la 88e minute et assurer la qualification pour la finale contre les Soviétiques.
Un but d’anthologie en finale de l’Euro
Le milieu de terrain Arnold Muhren avait centré si haut que pendant un bref instant, on avait l’impression que le ballon envoyé en chandelle ne reviendrait pas sur le terrain. Contre toute attente, Marco Van Basten reprend le ballon de volé dans un angle impossible pour venir battre Rinat Dasayev – l’un des meilleurs gardiens de but d’Europe de l’Est. Cette frappe audacieuse est devenue le moment décisif de la carrière de Marco Van Basten.
La machine à buts du Milan AC
A cette époque, Van Basten était un joueur du Milan AC et il faisait déjà des miracles chaque week-end en marquant des buts avec une fréquence infaillible malgré les défenses rigoureuses du championnat de football italien.
Avec les Néerlandais Ruud Gullit et Frank Rijkaard, Marco fait partie de la révolution footballistique d’Arrigo Sacchi, dont le style de jeu radicalement proactif repose sur le marquage en zone, le pressing et le piège du hors-jeu.
Pendant son séjour chez les Rossoneri, Van Basten a remporté trois fois le Ballon d’Or, il a été élu une fois joueur mondial de la FIFA et a obtenu le Soulier d’or de la Serie A en 1990 et 1992. Dans le même temps, il a aidé le club italien à remporter quatre Scudetti et deux Coupes d’Europe.
C’est une période de grand prestige pour le Milan AC, mais la participation de Van Basten sera limitée par une blessure à la cheville qui s’est manifestée pour la première fois lors de sa première saison en Italie.
Une légende du football partie trop tôt
Finalement, après de nombreuses opérations infructueuses et deux ans d’absence, Van Basten décide de mettre fin à sa carrière. L’acrobate ne pouvait rien faire d’autre que de baisser les bras face à son impuissance devant la situation.
Le 18 août 1995, le match du trophée Berlusconi contre la Juventus s’est terminé sur un score de 0-0. Pour la première fois dans l’histoire de cette compétition, il a fallu recourir aux tirs au but pour départager les deux équipes. Le fait que le match se termine sur un score nul et vierge est, à sa manière, une sorte d’hommage symbolique à Van Basten. L’un des buteurs les plus prolifiques de tous les temps venait de prendre sa retraite ; il était juste que les filets restent intacts. Merci à Van Basten : le buteur majestueux comme un Cygne surnommé « San Marco ».