À 32 ans, Youssef Msakni va disputer sa première Coupe du Monde. L’occasion pour lui d’enfin pouvoir se signaler aux yeux du public international.
Désormais joueur d’expérience, Youssef Msakni personnifiait, dans sa jeunesse, l’étoile montante du football tunisien. Alors que beaucoup lui prédisaient une belle carrière européenne, le natif de Tunis a, pour sa part, préféré se cantonner à une luxueuse vie dans le Golfe. Privé de Mondial en 2018, il a, quatre ans plus tard, l’occasion d’éclabousser l’édition 2022 de son talent.
2018, rendez-vous raté
En 2018, âgé de 27 ans, Youssef Msakni avait dû tirer un trait sur sa participation à la Coupe du Monde. Victime d’une rupture des ligaments croisés à 68 jours du coup d’envoi de la compétition, le milieu offensif avait toute confié sa tristesse sur son compte Instagram. Récemment interrogé par BeIN Sports, le joueur d’Al-Arabi est d’ailleurs revenu sur cet épisode douloureux.
« Bien sûr, 2018 était à la fois un bon et un mauvais moment. C’était bien d’être présent (en Russie) avec mes coéquipiers pour leur donner confiance. Mais, pour le reste, c’était décevant : quand l’arbitre siffle le début du match, on a l’impression de ne pas être en mesure d’aider ses coéquipiers sur le terrain », raconte ainsi l’international tunisien (87 sélections). Une désillusion d’importance, qui plus est alors qu’il avait été l’un des grands artisans de la qualification des Aigles de Carthage pour la compétition, auteur de 3 buts et de 3 passes décisives en 7 rencontres.
Présent en équipe nationale depuis janvier 2010, l’ancien Espérantiste a, pour la première fois, l’occasion de participer à un évènement d’une telle importance, alors que la Tunisie va disputer la 6e phase finale de Coupe du Monde de son histoire.
Un Mondial « comme à la maison »
Formé au Stade Tunisien, Youssef Msakni explose à l’Espérance de Tunis, où il remporte notamment quatre titres de champion (2009, 2010, 2011, 2012) et une Ligue des Champions africaine (2011). Longtemps pisté par le Paris Saint-Germain, il cède finalement aux sirènes de Leckwiya, au Qatar, où il s’installe pour six saisons. Un choix d’ailleurs décrié par Ahmed Adala, journaliste tunisien à Radio Mosaïque : « Msakni s’est lié au Qatar, où il a passé de nombreuses saisons et remporté de nombreux trophées, mais il n’attire plus vraiment les offres européennes car son rythme n’est plus le même. »
Une prise de position à laquelle adhère Tarek Ghdiri, journaliste pour Zajel.tn, qui souligne un problème plus global : « Nous n’inculquons pas aux jeunes la conviction qu’ils peuvent aussi réussir et gagner beaucoup d’argent en jouant pour de grandes équipes européennes. »
Quoiqu’il en soit, Youssef Msakni s’est établi dans le Golfe et, malgré un court prêt (de janvier à juin 2019, en provenance d’Al-Duhail) au KAS Eupen, il n’a jamais su – et certainement voulu – sortir de sa zone de confort. Depuis son retour de Belgique, « Nems » a alterné les prêts, passant d’Al-Duhail à Al-Arabi à trois reprises. Dans son « chez lui », l’heure est désormais venue de montrer que son talent est resté immuable, lui qui n’aura peut-être plus pareille occasion de disputer une telle compétition.