Dans le football, le numéro dix est plus qu’un numéro de maillot. En vérité, ce numéro définit souvent le style d’un joueur, son rôle, voire sa personnalité. En portant le numéro dix de la Seleção, Zico a su incarner l’audace créative du Brésil tout au long de sa remarquable carrière. Retour sur l’histoire d’un n°10 de légende : Zico.
Artiste d’un pays où football et spectacle ne font qu’un
Malgré le cynisme et le pragmatisme dont il fait preuve, le football brésilien reste grandement associé au spectacle. Tout au long de l’histoire, les joueurs brésiliens ont été considérés comme des artistes qui ont inspirés le football bien au-delà de leur pays.
Enfiler le numéro 10 de la Seleção, s’accompagne donc nécessairement de responsabilités et d’attentes que peu de gens peuvent assumer avec élégance. Pourtant à son époque le milieu de terrain Zico n’a pas tremblé face à l’ampleur de la tâche.
Les jeunes années d’Arthurzico
Plus jeune Zico a failli être refusé par Flamengo à cause de sa taille. Le joueur a passé une grande partie de ses années de formation à jouer au futsal. À l’époque, tout était plus petit : le terrain, le ballon, la couverture médiatique. Après avoir suivi un programme d’entraînement rigoureux comprenant beaucoup de séances en salle de sport et un changement de régime alimentaire, Zico intègre l’académie des jeunes de Flamengo en 1960.
Dans un pays où le football est une forme de religion, Zico semble être l’élu, même si ses deux frères ont aussi joué au niveau professionnel. Malgré son manque de physique, Zico s’est retrouvé au centre de formation de l’un des meilleurs clubs du Brésil, mais aussi du club que son père soutenait. À l’époque, le joueur était encore connu sous le nom d’Arthurzico, un surnom qui faisait référence à son vrai nom – Arthur Antunes Coimbra – et qui lui avait été donné par sa famille lorsqu’il était enfant.
Au cours des deux décennies suivantes, le joueur a acquis une renommée internationale grâce à la version abrégée en quatre lettres de son surnom : Z-I-C-O
Une entrée timide dans le football professionnel
Les premiers pas de Zico dans le monde du football professionnel ont été assez incertains. Le jeune milieu est passé de l’équipe des jeunes à l’équipe première et inversement. A cette époque, Mario Zagallo, légende du football et double vainqueur de la Coupe du monde, était le coach du club de Flamengo.
Deux ans plus tard, sous les auspices de son ancien entraîneur Joubert, Zico s’affirme comme l’un des meilleurs jeunes talents de sa génération, marquant 32 buts en 50 matchs. Au cours des trois années suivantes, il trouve le chemin des filets avec une régularité remarquable : 40 buts en 55 matchs en 1975, 32 buts en 47 matchs en 1976, 37 buts en 47 matchs en 1977 et 19 en 22 matchs en 1978. Zico devient ainsi un titulaire indiscutable de la Seleção et un joueur clé du Brésil lors de la Coupe du monde 1978.
Une carrière internationale remplie de frustrations
La carrière internationale de Zico sera remplie de beaucoup d’échecs. Ses débuts en Coupe du monde sont malheureux. Il marque de la tête dans les derniers instants d’un match de phase de groupe contre la Suède, mais l’arbitre refuse le but parce qu’il a sifflé la fin du match alors que le ballon était encore en l’air. Le Brésil fait match nul 1-1 et termine à la troisième place du tournoi cette année-là.
Dans les quatre années qui suivent sa première participation à la Coupe du monde, Zico ne se laisse pas décourager et monte d’un cran dans le classement des buteurs. Il inscrit 188 buts toutes compétitions confondues au cours de cette période, ce qui lui vaudra le surnom de “Pelé blanc”. Ce nouveau surnom s’accompagne d’un statut iconique, presque divin : Zico est le premier a être considéré comme le “nouveau Pelé”.
Le n°10 de l’équipe du Brésil la plus séduisante de l’histoire
À l’âge de 29 ans et au sommet de son art, Zico a mené le Brésil à la Coupe du monde 1982 aux côtés de coéquipiers de très haut tels que Socrates le « révolutionnaire » du foot brésilien, Falcao et Toninho Cerezo
Cette association au milieu de terrain est l’une des plus séduisante de l’histoire de la sélection brésilienne, et pourtant, la Seleção quittera la compétition prématurément. Après avoir éliminé l’Union soviétique, l’Écosse et la Nouvelle-Zélande lors du premier tour, le Brésil s’est débarrassé de son rival argentin avec une victoire 3-1, grâce à un but spectaculaire de Zico.
Mais ce fut la dernière victoire pour les Brésiliens lors de la Coupe du monde 1982. L’Italie, inspirée par la finition clinique de Paolo Rossi, bat la plus belle équipe du monde. Le Brésil est éliminé.
Le pont entre deux générations du football brésilien
Zico a incarné le changement de deux manières distinctes. Premièrement en allant jouer en Europe alors qu’auparavant les meilleurs joueurs brésiliens avaient tendance à ne pas s’aventurer loin de leur pays. Un an après l’amère élimination de la Coupe du monde 1982, Zico part pour le football italien en signant à l’Udinese.
Deuxièmement en étant l’homme idéal pour créer le pont entre l’ancien et le nouveau football brésilien. En effet, si la Seleção de 1982 a été l’apogée du football en tant que spectacle, la suite a été une refonte progressive et brutale du style de jeu.
Zico était aussi un homme pragmatique qui n’a pas ressenti le chagrin de 1982 comme d’autres joueurs. Il voyait plutôt la défaite comme le résultat d’une tactique trop basé sur le spectacle.
Un meneur de jeu légendaire
Zico a connu une superbe carrière en club malgré la difficulté du championnat italien, il a marqué 24 buts en 1983-84 avant de retourner à Flamengo en 1985. Il se retire finalement du football après trois ans au Japon et devient entraîneur.
Meneur de jeu, spécialiste des coups francs, passeur et finisseur, Zico s’est montré digne de porter le numéro dix de la plus belle grande équipe que le Brésil n’est jamais connu. Merci Zico : l’artiste et l’audace créative du Brésil.